PB d'or 2016 : cinéma

Il a suffi d'un rapide sondage au sein de la rédaction pour retenir, parmi les centaines de longs-métrages sortis en 2016, une dérisoire poignée de favoris.


Le PB d'or du film de l'année : Ma vie de Courgette

Ils sont quatre à avoir suscité un enthousiasme partagé au PB et à avoir triomphé de l'épreuve du temps – les autres films se fondant dans un indistinct profond, des bobines "à oublier" (le destin ordinaire de toute franchise comique ou d'action parvenant au numéro 3) aux "sans plus" (les bons films, sans plus), en passant par les "bof", le si large ventre mou de la production mondiale. On ne s'étonnera pas de la surreprésentation de films sortis depuis la rentrée de septembre dans notre quatuor final : passée cette gare de triage pour le cinéma d'auteur qu'est le Festival de Cannes, le second semestre regorge de pépites...

Pas de podium donc, mais trois films pailletés d'or, plus un davantage doré que les autres ; quatre approches complémentaires du cinéma. En juin, avec The Neon Demon, Nicolas Winding Refn a rappellé comme Gaspar Noé que le 7e art peut (doit) être un langage artistique à part, et qu'il convient d'en explorer ses singularités dans une écriture visuelle, sensorielle ou syntagmatique novatrice. Les flashes émis par ce pulsar n'ont pas fini d'impressionner les rétines...

Outsider venu de Sundance, Matt Ross a, en octobre, déjoué les clichés du film indépendant ET du road movie familial initiatique dans Captain Fantastic – mais la présence de Viggo Mortensen au générique était déjà un heureux présage. Ne serait-ce que pour la radicalité lucide de ses personnages, leur refus de se plier aux dogmes et la beauté radieuse qu'ils dégagent, ce film a gagné sa place ici.

L'esprit de lutte et celui de fraternité – deux valeurs pleines d'avenir – se diffusent dans toute l'œuvre de Ken Loach ; en octobre, ils ont trouvé dans le héros-titre de Moi, Daniel Blake une nouvelle et saisissante incarnation. Ce portrait sans ambages ni misérabilisme crapuleux des déclassés britanniques, victimes collatérales du libéralisme gouvernemental, est troué d'espérance et de solidarité.

Enfin, en octobre là encore, est venue l'œuvre réunissant tous les suffrages. Par sa délicatesse, sa sensibilité dépourvue de sensiblerie, son aptitude à évoquer des sujets lourds jadis considérés comme tabous sans s'appesantir, Ma vie de Courgette, signé Claude Barras, atteint le cœur – et la tête de notre shortlist. Ce voyage en enfance cabossée, merveilleusement écrit par Céline Sciamma, illustre l'indiscutable polyvalence du cinéma d'animation en témoignant de la vigueur de ses talents européens. Déjà salué par les professionnels et le public, Courgette a déjà gagné l'aura d'un classique contemporain ; notre satisfaction sera totale lorsqu'il emportera le César du meilleur film en février prochain.


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