Un été au musée, isn't it ?

Pour cet été qui s'annonce caniculaire, nous avons décidé d'adopter le flegme anglais afin de garder la classe en toute circonstance. Une subite envie de tweed peut-être déclenchée par l'exposition "Berlioz à Londres" présentée à La Côte-Saint-André. Mais que les réfractaires au lyrisme britannique se rassurent, notre sélection d'expositions à (re)voir dans les musées patrimoniaux réserve également de la musique populaire, de la BD résistante et de la peinture lumineuse. De quoi s'émerveiller, s'instruire et profiter du frais en toute gratuité.


Quand la musique est bonne…

À la lecture de ce titre surgissent instantanément les premières notes de la chanson de phare des années 1980 signée Jean-Jacques Goldman, parangon de chanson populaire. Et ce genre de titres français emblématiques, de l'hymne au chant révolutionnaire, de la comptine à la berceuse, résonnent en ce moment joyeusement dans l'enceinte du Musée dauphinois.

Si on chantait ! La la la la… c'est à vous de voir ; en tout cas il y a de quoi écouter dès le début de l'exposition avec un mur de sons qui compose un portrait de la chanson populaire. Fait de bric et de notes, le parcours dévoile 78 titres agrémentés d'archives, de disques et de partitions. Grace à une scénographie ludique et interactive, la proposition met en chant la façon dont la musique infiltre notre quotidien, jusque sous la douche, à travers les âges et les genres.

Et au détour d'un refrain, mais surtout d'une autre exposition, n'hésitez pas à emprunter les sentiers montagneux d'Éric Bourret et Emmanuel Breteau, qui déploient au creux de l'exposition Alpes là ! un magnifique panorama photographique des Alpes, de Belledonne enneigée en Trièves rural.

Si on chantait ! La la la la…
Au Musée dauphinois jusqu'au 5 février 2018


Quand le jazz est là...

Pour sa première exposition photographique, le photojournaliste Pascal Kober investit le Musée de l'Ancien Evêché en clichés et en son. À travers ses photographies de presse empreintes d'une passion qui fait vibrer les images, il livre un témoignage visuel saisissant d'un Abécédaire amoureux du jazz qui fera tomber sous le charme chaque visiteur. Mais avant la visite, on l'a rencontré pour en savoir plus sur la photo et le jazz.

Abécédaire amoureux du jazz
Au Musée de l'Ancien Évêché jusqu'au 17 septembre


La BD résiste, encore

Le moins que l'on puisse dire c'est que la BD poursuit son ingénieuse occupation au Musée de la Résistance et de la Déportation. Forte d'un succès retentissant, l'exposition temporaire est prolongée jusqu'au début du mois d'octobre. Cherchant à interroger les rapports entre le 9e art et les massifs isérois, le parcours explore la représentation du maquis à travers l'exercice de la bulle et de la planche.

Suivant un parcours chronologique découpé en deux parties – une première pour ancrer le contexte puis une deuxième pour mettre en relief les représentations de la Résistance pendant et après la Seconde Guerre mondiale – l'exposition La BD prend le maquis est un véritable moment d'histoire autant qu'une expérience plastique, notamment avec son atelier du dessinateur. La visite se conclut avec de très belles illustrations de quatre bédéistes contemporains qui offrent à notre regard leur vision du maquis. De quoi s'instruire, s'émerveiller et dessiner tout l'été, à la fraîche.

La BD prend le maquis
Au musée de la Résistance et de la Déportation jusqu'au 9 octobre


Le peintre de la place Notre-Dame

À contre-lumière est un bien étrange titre d'exposition pour présenter les toiles et dessins du peintre français Jacques Truphémus, éternel chasseur des rayons colorés du soleil. Mais qu'importe, la substance ici n'est pas dans les mots mais dans la matière picturale qui retranscrit grâce à une touche à la fois vibratoire et silencieuse l'évanescence de la lumière s'infiltrant dans un café lyonnais, envahissant un bord de mer ou balayant des arbres dans les Cévennes.

C'est ainsi que cette quête rayonnante, délayée dans la peinture, se révèle sur les murs du Musée Hébert sous le coup de pinceau de ce Grenoblois de toujours né en 1922 qui réalisa ses premiers jets en 1937 en regardant la place Notre-Dame depuis sa fenêtre avant que la découverte des œuvres modernes du Musée de Grenoble ne confirme son amour pour la peinture à l'huile.

De scènes intimistes en natures mortes, de cafés populaires en quais urbains, l'artiste accorde sa palette aux couleurs du ciel pour une plongée en pleine lumière.

À contre-lumière
Au Musée Hébert (La Tronche) jusqu'au 6 novembre


Le gentleman Berlioz

On croyait tout savoir d'Hector Berlioz, compositeur star qui naquit à La Côte-Saint-André en 1803, mais c'était sans compter sur le travail éclairé mené par le Musée Hector Berlioz qui, en résonance avec le festival éponyme ayant pour thème cette année « So british », propose cet été une exposition au titre aussi éloquent qu'une symphonie à la Roméo et Juliette : Berlioz à Londres, au temps des Expositions universelles.

Amoureux de l'île verdoyante pour sa littérature mélodique et de Shakespeare, Bryon et Scott entre d'autres, mais aussi admirateur de la beauté de sa terre voisine en la personne de l'actrice irlandaise Harriet Smithson, Berlioz puisa nombre d'inspirations dans l'effervescence culturelle londonienne, et plus largement en Angleterre. En 1851, il découvrit ainsi les instruments d'Adolphe Sax à l'occasion de l'Exposition universelle. Autant d'apports britanniques qui ont inspiré son œuvre et dont rend compte l'exposition avec des toiles, des documents et des instruments de musique pour un été classiquement rock'n'roll.

Berlioz à Londres, au temps des Expositions universelles
Au musée Hector Berlioz (La Côte-Saint-André) jusqu'au 30 septembre


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