"Coco" : Pixar os secours des ancêtres

Un petit Mexicain parcourt le Royaume des Morts pour déjouer une malédiction familiale et obtenir une bénédiction en retour. Coutumier des quêtes en milieu hostile ("Monstre & Cie", "Le Monde de Nemo"), Lee Unkrich pousse plus loin le curseur et emporte les cœurs. Signé Pixar.


Depuis qu'une aïeule a été abandonnée par son guitariste d'époux, la famille de Miguel a banni toute musique de sa vie. C'est donc un drame quand le garçonnet avoue, le Jour des Morts en plus, se destiner lui aussi à la guitare. Miguel espère trouver du soutien auprès de ses ancêtres…

S'il faut aux sceptiques une preuve supplémentaire de l'existence d'un particularisme artistique des studios Pixar au sein de l'empire Disney, Coco tombe à pic : il constitue même une manière de manifeste. Là où les productions issues de la maison-mère misent sur un arsenal codifié d'éléments rassurants pour fédérer leurs publics (schématisons : la quête d'une princesse entrelardée par des torrents de chansons), la branche spécialisée dans les images de synthèse s'aventure dans des territoires insolites, plus stupéfiantes encore du point de vue narratif que technique. Une "originalité" artistique autorisée parce qu'elle s'avère globalement payante… notamment du côté du tiroir-caisse.

Notes en sourdine

Même si la musique est ici le moteur du personnage principal, elle ne pollue pas le film à heure fixe, ni ne le condimente tel un excipient folklorique. Certes, Coco recourt parfois à une mélodie, mais jamais au détriment du récit, ni des relations entre les personnages, toujours privilégiées. L'enjeu véritable, c'est raconter l'indicible, montrer un "in-imaginé". Un genre de gageure dont Pixar raffole pour l'avoir déjà approché dans la merveilleuse séquence d'ouverture de Là-Haut (jamais égalée) ou tout au long de Vice-Versa, en proposant un voyage à la racine de l'attachement, au principe de l'amour, sans sentimentalisme mais avec du sentiment.

Bien sûr, la représentation bariolée du Royaume des Morts vaut son pesant de splendeur visuelle, mais elle frappera moins au cœur que la pureté simple du secret placé au cœur de l'intrigue. La leçon de vie qu'il inspire n'a rien d'un catéchisme balourd ; tout au plus suggère-t-il de troquer sur le chemin menant les défunts aux vivants les pétales orangés des œillets par le bleu du myosotis – la fleur du signifie "ne m'oubliez pas".

Coco
de Lee Unkrich & Adrian Molina (E.-U., 1h 45) animation


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