Clé de Sol et de désaccords entre la Belle électrique et certains musiciens grenoblois

Alors qu'au 1er juillet la Belle électrique va officiellement récupérer la gestion du bâtiment grenoblois la Clé de Sol, situé boulevard Gambetta, afin de développer son projet d'accompagnement de la scène musicale locale, les groupes grenoblois qui y répétaient ont été sommés de quitter les lieux. Et s'en sont émus dans une tribune qui a beaucoup tourné. On fait le point.


C'est une information arrivée mi-juin dans la boîte mail de huit groupes grenoblois (The Chainsaw Blues Cowboys, General Cluster, Vercors, Bleu Tonnerre, Rising Steel, Schräpnel, Eight Sins et Inner Sanctuum) qui répètent depuis un certain temps dans le sous-sol de la Clé de Sol, bâtiment municipal situé aux abords du parc Hoche, en face de la Caserne de Bonne : il va falloir quitter les lieux au 1er juillet, l'association MixLab qui gère la Belle électrique les récupérant à la suite d'un appel à projets de Ville – ils étaient gérés jusque-là par Hadra, association centrée sur « la promotion et la reconnaissance des musiques électroniques » qui s'intègre d'ailleurs dans le nouveau dispositif.

Une annonce qui a fortement inquiété les musiciens, d'où la publication d'un texte en ligne titré « sauvons la scène rock / métal grenobloise ». Extrait : « L'appel d'offres lancé par la mairie de Grenoble n'a jamais pris en compte les acteurs et utilisateurs déjà présents dans les locaux. Et nous n'avons bien évidemment jamais été mis au courant de ce qu'il se préparait depuis plusieurs mois, à dessein diront certains. »

Une demande de départ qui a été mal gérée reconnaît Frédéric Lapierre, directeur de la Belle électrique. « Tout s'est enchaîné très vite à partir de fin avril [date de l'annonce du projet retenu – NDLR]. J'avais demandé à la Ville et Hadra qu'on aille ensemble voir les groupes pour leur expliquer le nouveau projet, qu'ils devaient libérer les locaux pour qu'on fasse des travaux… La Ville a dit qu'elle ne connaissait pas ces groupes, qu'ils étaient en convention avec Hadra et que c'était donc à Hadra de le faire. Hadra a dit que ce n'était pas eux qui récupéraient le bâtiment donc que c'était à nous de le dire… Ce jeu de billard a duré quelques semaines. Puis, avec Hadra, on a décidé d'écrire un mail aux groupes. »

Un « projet structurant »

Mais au fait, quel est le projet de la Belle électrique pour ce bâtiment de 228m2 comprenant trois studios de répétition au sous-sol ainsi que des bureaux et un open space au rez-de-chaussée (des ateliers pour plasticiens sont également dans les murs, mais leur entrée est séparée) ? Il s'agit, comme nous l'a expliqué l'équipe à notre demande, de véritablement développer leur volet accompagnement de la salle de concert grenobloise, comme la délégation de service public signée avec la Ville de Grenoble les a engagés, et comme le label "scène de musiques actuelles" (smac) qu'ils visent le commande. L'appel à projets est donc tombé à pic, surtout depuis l'imbroglio autour de la liquidation en 2016 par la Ville de Grenoble de la salle de concert le Ciel – qui aurait dû servir aux missions d'accompagnement de la Belle électrique.

Frédéric Lapierre : « La partie basse de la Clé de Sol, en sous-sol, sera pour de la pratique, et la partie haute sera plus pour de l'accompagnement professionnel. Car notre projet est véritablement structurant, notamment au niveau administratif : on montrera par exemple aux groupes comment déclarer à la Sacem, comment faire valoir leurs droits, on leur proposera de la formation… » MixLab recrutera cet automne une personne pour piloter le projet sur place.

Septembre et non plus juillet

« C'est un schéma qui correspond à ce qui se faisait au Ciel avant, mais qui n'est pas compatible avec la situation actuelle à la Clé de Sol avec des groupes qui sont parfois depuis 4 ou 5 ans dans les locaux, sans accompagnement particulier. Ça n'aurait pas de sens de ne pas réinterroger qui on allait accompagner. Ce qui n'interdit pas que les groupes qui sont là en ce moment rentrent plus tard dans notre cadre d'accompagnement. »

Après une période de vives tensions liées à la brutalité de l'annonce, la Belle électrique a commencé à rencontrer les groupes en question. « On leur a proposé qu'ils restent sur place jusqu'à fin septembre pour qu'ils aient le temps de se retourner. » Une démarche que la Ville de Grenoble soutient, comme nous l'a confirmé l'adjointe aux cultures Corinne Bernard. « L'appel à candidatures pour la Clé de Sol a été publié et très largement diffusé et relayé. Les groupes initialement accueillis par PMI [le Pôle musical d'innovation qui occupait la Clé de Sol jusqu'à sa liquidation en 2016 – NDLR] ne se sont pas manifestés auprès de la Ville à cette occasion. Je suis prête à recevoir toutes celles et ceux qui en éprouvent le besoin. Il est nécessaire que le dialogue se poursuive avec les acteurs des musiques actuelles. Continuer à consolider les outils d'accompagnement des groupes, c'est une de nos démarches de soutien à la création et de diversité artistique. »


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