"Le Jour du grand jour" : le jour d'un grand spectacle

La géniale compagnie Dromesko s'installe sur le parvis de la MC2 pendant deux semaines (du 2 au 13 avril pour être précis) avec deux spectacles entre cirque, théâtre, musique et danse.


Avant même de voir ce qu'il en retourne, il y a ces titres : Le Jour du grand jour pour ce travail dévoilé en 2014, et Le Dur désir de durer, dernière création en date (2017) des Dromesko. Au-delà des assonances et répétitions verbales, il est dans les deux cas question de plonger au cœur de l'intime.

Concernant Le Jour du grand jour, seul spectacle des deux que nous ayons vu, il s'agit d'une série de cérémonies inscrites au cœur d'un dispositif bi-frontal particulièrement adapté. Les mines déconfites, le stress des grandes occasions, le rire, les piaillements des familles réunies : toutes les expressions humaines se condensent dans ces 90 minutes entre enterrements, mariages et baptêmes. Mais, dans ces rituels bien calibrés, l'étrangeté guette comme l'animalerie de la compagnie est bien sûr de la partie : un cochon déroule de son groin le tapis rouge, un oiseau échassier défie avec majesté l'assemblée…

Ni tout à fait du cirque (quoique cette compagnie soit une des pionnières de son profond renouvellement comme Igor le rappelle dans l'interview) ni vraiment du théâtre, Le Jour du grand jour est une fusion de ces arts ; mais aussi un grand acte chorégraphique que ce soit par la simultanéité des gestes conférant la solennité de ces parades civiles et religieuses bien rodées que par ses pas de côté. Car sous la traîne de la mariée et les images bien huilées de ces défilés, les Dromesko regardent ce qui grince, tel ce corps échappé du dessous d'une table de repas.

Magnifique visuellement, Le Jour du grand jour est ainsi d'une précieuse générosité à l'image de ce banquet qui, comme de bien entendu, clôt cette partition. Toujours y retourner !

Le Jour du grand jour
À la MC2 du mardi 2 au samedi 6 avril

Le Dur désir de durer
À la MC2 du mardi 9 au samedi 13 avril


<< article précédent
Jacques Attali : « "La Traviata" est l'une des plus belles histoires d’amour »