Kavinsky : pour l'amour des synthés (et du Spring'Alp festival)

Tête d'affiche, aux côtés de Cut Killer, Bon Entendeur et Joris Delacroix, de la première édition du Spring'Alp, festival électro prévu ce vendredi 29 mars au Palais des sports de Grenoble, Kavinsky défend depuis maintenant plus de douze ans une vision fantasmée des années 1980 où synthés et grosses cylindrées règnent en maîtres. Explications.


Si, pour beaucoup, le nom de Kavinsky restera à jamais associé à la bande-son de Drive, polar ouaté et atmosphérique de Nicolas Winding Refn sorti en 2011, la carrière de l'artiste parisien né en 1975 n'en a pas moins démarré cinq ans plus tôt, en 2006 précisément. Ami de longue date du cinéaste Quentin Dupieux alias Mr Oizo (il figurait ainsi à l'affiche de son premier long-métrage Nonfilm en 2001), Vincent Belorgey de son vrai nom fait ainsi des débuts remarqués sur la scène électronique dès son premier EP Teddy Boy, sorti sur le label Record Makers et porté par le tube fracassant Testarossa Autodrive.

D'emblée, l'homme porte haut ses influences : un univers profondément marqué par les séries B américaines badass des années 1980 et leurs bandes-son synthétiques vintage, à commencer par celles du cinéaste et compositeur culte John Carpenter. S'il n'est pas le premier à puiser son inspiration dans ces sources 80's, il a en revanche la particularité de retranscrire ces dernières dans un écrin audiovisuel flambant neuf, où s'entremêlent dimension narrative, clips et graphisme rétro-futuristes hauts en couleur, et production électronique dernier cri.

Sous les néons

Ce faisant, il signe ainsi l'acte de naissance d'un genre musical très référencé baptisé (a posteriori) "synthwave", encore perpétué aujourd'hui avec un beau succès par toute une flopée de groupes comme Carpenter Brut, Perturbator ou les artistes du label Rosso Corsa.

Une nouvelle génération avec laquelle Kavinsky ne partage pourtant que très peu de liens : sa famille d'adoption, il faut plutôt la chercher du côté des artistes du label Ed Banger (Justice, SebastiAn, Mr Oizo…), aux côtés desquels il va multiplier les dates en France et à l'international dans la deuxième moitié des années 2000, en pleine euphorie "french touch 2.0". Avant d'entamer les années 2010 dans un registre plus pop, mais tout aussi nostalgique, avec la sortie de l'EP Nightcall (immortalisé un an plus tard dans Drive avec le succès que l'on sait) suivi en 2013 de son premier album intitulé OutRun, hommage à peine caché au jeu d'arcade éponyme sorti par la firme Sega en… 1986. Preuve qu'on ne se refait pas.

Spring'Alp Festival
Au Palais des sports vendredi 29 mars à partir de 20h


Des goûts et des couleurs

Initiative 100% locale (comme on l'expliquait précédemment dans un article à retrouver sur notre site), le Spring'Alp Festival fait la part belle, le temps d'une soirée, aux grosses têtes d'affiche fédératrices, mais également – et c'est suffisamment rare pour être souligné – à une jolie diversité d'esthétiques musicales. Aux côtés de Kavinsky, on retrouvera ainsi Cut Killer, DJ emblématique de la scène hip-hop française depuis le début des années 1990 déjà passé nous rendre visite au Black Lilith au début de l'automne ; le trio Bon Entendeur, auteur de mixtapes finement ciselées mêlant influences disco, funk, hip-hop, brazil, rare groove et hommages à des figures de la culture française ; et enfin Joris Delacroix, fervent défenseur d'une house grand public gorgée de soleil, de nappes de synthés accrocheuses, de vocaux sexy et de mélodies pop entêtantes.


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