La MC2 fait le grand écart

La MC2 inaugure cette année le Mois du mouvement, qui se traduit par deux événements aux antipodes : Transe-en-danses et la Journée des danses urbaines. Deux salles, deux ambiances.


Depuis des millénaires la danse est avant tout rituelle, la recherche d’un état de transe, medium de communication avec la nature ou toute autre force supérieure à l’homme. Au XXIe siècle les danseurs contemporains continuent cette quête, et c’est l’objet de Transe-en-danses. Un événement pensé par Maxime Fleuriot, directeur adjoint et "Monsieur Danse" à la MC2, en lien avec d’autres acteurs locaux : Détours de Babel, le musée Dauphinois, le CDCN Le Pacifique, le CCN2, le TMG et la Cinémathèque. « Transe-en-danses regroupe des propositions chorégraphiques qui ont en commun un geste et une musique répétitifs, provoquant un état hypnotique. » Devant les virevoltes aériennes des quilles lancées par les jongleurs d’Alessandro Sciarroni, par exemple, l’inconscient du spectateur se libère et assourdit la conscience habituelle. « On arrive à un état modifié de conscience, comme lorsque l’on rêve, qu’on est sous hypnose ou sous l’effet de psychotropes. Les neurosciences ont prouvé que les neurones stimulés dans le cerveau sont les mêmes quand on danse et quand on regarde quelqu’un danser. » Nacera Belaza déshabille le mouvement de tout artifice et tourne sur elle-même. Christian Rizzo fait voleter des robes dans un ballet magnétique. Alessandro Sciarroni, encore lui, fait s’agiter jusqu’à la fascination un couple de danseurs. Vania Vaneau, dans un monde postapocalyptique, quitte la conscience humaine pour devenir un organisme vivant parmi d’autres… « C’est spirituel, sans être religieux », commente Maxime Fleuriot. « Il se dégage de ces créations une poésie qui n’est pas rattachée à un message ou à un narratif. On peut faire une analogie avec la peinture ou la musique. Le cerveau débranche, explore d’autres sensations. »

Vogue rose et bleu

De la danse, il y en aura aussi le 19 mars, mais dans un style radicalement différent, et on ne peut plus conscient, pour la Journée des danses urbaines. « Ce qu’on appelle danses urbaines, c’est une galaxie entière : du popping au twerk, en passant par le dancehall… Cette journée a modestement l’intention d’en faire découvrir quelques facettes. » Cette année, le Golden Stage Tour prendra la scène avec de fiers représentants de l’exigence du hip-hop et de la tecktonik : Femme Fatale et la compagnie Mazelfreten, le tout animé d’une voix de maître par MC Vicelow, ex-Saïan Supa Crew. Le même jour, le voguing sera mis à l’honneur avec l’une des figures françaises du mouvement : Legendary Vinii Revlon, précurseur des bals à Paris, viendra bien entouré pour animer un atelier d’initiation, et surtout prendre part à un Pink & blue ball (c’est le dress code), le soir même, en lien avec la Belle Électrique. Si vous n’êtes pas familier avec le voguing, on ne peut que vous conseiller de relire le PB 1177. « Cela s’inscrit aussi dans la déconstruction d’une certaine masculinité ; l’événement s’adresse prioritairement, mais pas exclusivement, aux personnes LGBT+. Notre envie, c’est de faire se croiser des gens qui ne côtoient pas tous les jours », souligne Maxime Fleuriot. « Le 19 mars, ce sera une journée de rassemblement. Les danses urbaines, c’est une porte ouverte sur d’autres manières de danser, d’autres manières de faire culture. Avoir une approche festive de la culture, c’est un marqueur fort du projet qu’on porte. »

Ces deux événements ont vocation à être réédités. L’an prochain, à Transe-en-danses succédera Incandescence, sur « la lisière entre danse et performance. Ce sera organisé avec le CCN2, avec qui on veut réaffirmer les liens qui ont parfois été distendus », confie le directeur adjoint de la MC2. À la bonne heure !

Transe-en-danses du 16 au 26 mars dans différents lieux de Grenoble

Journée des danses urbaines le 19 mars à la MC2


<< article précédent
Léonie Pernet dévoile sa voix à la Source