Il s'est bien passé quelque chose

Depuis le succès de son premier seul-en-scène "S'il se passe quelque chose" créé il y a tout juste 10 ans, Vincent Dedienne s'épanouit autant sur scène qu'au cinéma et dans les médias. Fin janvier, il présentera à la MC2 son deuxième solo, véritable petit bijou d'humour joliment titré "Un soir de gala". L'occasion de remonter le fil d'une carrière protéiforme et unique.


« Profession : amuseur. » Deux mots qui, en février 2014, ornaient la une d'un numéro du Petit Bulletin, s'inscrivant en gros à côté du visage souriant d'un jeune comédien et humoriste de 27 ans : Vincent Dedienne. À l'époque, celui qui n'était pas la star qu'il est aujourd'hui entamait la tournée de son premier seul-en-scène S'il se passe quelque chose, dans lequel il se dévoilait au sens propre (il commençait la représentation nu) comme au figuré – il évoquait sur scène, entre deux sketchs hilarants et parfaitement écrits, son adoption, sa passion pour Muriel Robin ou encore son premier amour. Une pépite d'humour théâtral que nous avions choisi de programmer au Théâtre 145 dans le cadre de la saison des 20 ans du Petit Bulletin Grenoble (le journal a été fondé en septembre 1993) : celles et ceux qui nous avaient fait confiance s'en souviennent encore – du moins on l'espère !

Rapidement, de nombreux professionnels de la profession furent séduits par ce nouveau venu fort sympathique qui, avec deux amies, avait bricolé ce spectacle dans son coin avant de l'offrir au monde (du moins à ses proches) un soir de mai 2013 dans une petite salle parisienne ; advienne que pourra. De nombreux professionnels de la profession dont, et ce n'est pas rien, le comédien François Rollin, qui ajouta sa patte à la mise en scène, et Laurent Ruquier, qui prit Vincent Dedienne dans sa société de production afin de permettre le développement du spectacle. Pari gagnant.

« Je veux tout faire ! »

Tout alla alors très vite pour Vincent Dedienne, entre chroniques médiatiques (dont une fabuleuse revue de presse décalée dans l'émission Quotidien) et premières apparitions au cinéma – le fils de Nathalie Baye dans le court-métrage Médée, le fils de Nicole Garcia dans La Fête des mères, le frère de Jonathan Cohen dans Premières vacances ou encore le fils de Catherine Deneuve dans Terrible jungle. Pour un début de carrière, on a vu pire ! Sachant qu'en parallèle, il continua d'être interprète pour le théâtre, notamment dans Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux mis en scène par Catherine Hiegel et Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche de Hervé Blutsch mis en scène par Laurent Fréchuret.

Ses souhaits ont donc été exaucés, lui qui, formé dans une très sérieuse école de théâtre, répondait ainsi en 2014 à notre question sur son avenir prometteur : « Je veux tout faire ! Quand j'étais petit, je disais que ma vie idéale serait de faire un one-man-show en janvier, en février un Claudel, en mars un spectacle de danse, en avril de la radio... Je trouve qu'un comédien a plus de facettes que ce dont on a l'habitude en France. » C'est justement cette versatilité, cette façon d'aller partout, sur le plus populaire comme sur le plus intello, du côté de l'humour comme du drame, qui fait aujourd'hui toute la force du comédien Vincent Dedienne.

« Après avoir fait le tour de mon nombril… »

Après un tel succès, il se savait attendu ; pas forcément au tournant mais simplement attendu par toutes celles et tous ceux qui l'avaient tant aimé dans son premier seul-en-scène. Alors il a bossé ; notamment beaucoup écrit (avec ses coautrices habituelles Juliette Chaigneau et Mélanie Le Moine, et la nouvelle venue Anaïs Harté), lui le perfectionniste qui soigne longuement ses textes. Et a dévoilé en septembre 2021 son deuxième seul-en-scène Un soir de gala. Oui, comme dans la chanson Mourir sur scène de Dalida – « Viens / Mais ne viens pas quand je serai seule / Choisis plutôt un soir de gala. » Nous sommes venus, nombreux (la plupart des dates de sa tournée affichent complet, à l'image des deux grenobloises), et nous avons été une nouvelle fois conquis.

« Après avoir fait le tour de mon nombril dans mon précédent spectacle, j'ai décidé de tourner un peu autour des vôtres… si ça chatouille, tant mieux », écrit-il dans la note d'intention de cette aventure à sketchs construite autour de personnages très variés – une bourgeoise gênante, une gamine flippante, un acteur arrogant, un journaliste épuisant… Le tout servi par un talent d'interprétation précis. La classe ultime (et on ne parle pas uniquement de son costard) qui prouve une fois de plus que Vincent Dedienne, aujourd'hui en milieu de trentaine et moliérisé pour chacun de ses seuls-en-scène, est, tout simplement, l'un des acteurs les plus passionnants et surprenants de sa génération.

Un soir de gala vendredi 27 et samedi 28 janvier à la MC2 ; complet


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