Godard tout court à la Cinémathèque


Manifestation nationale, la Fête du court-métrage (du 15 au 21 mars) laisse toute latitude aux cinémas et autres lieux de culture de constituer leur programmation autour de ce précieux format… que la Cinémathèque connaît et soutient ardemment. Même si elle lui avait déjà rendu hommage en décembre, l'institution grenobloise choisit (à raison) de célébrer pour l'occasion la filmographie de Jean-Luc Godard à travers quelques œuvres de jeunesse peu diffusées. Non, Opération béton n'y figure pas mais le "brouillon" en chambre de bonne d'À bout de souffle, Charlotte et son Jules (1958) si, sorte de réponse inversée au Bel Indifférent de Cocteau où la logorrhée de Belmondo est post-synchronisée par JLG lui-même.

Autre curiosité, la fausse coréalisation Truffaut-Godard (François avait commencé et abandonné, Jean-Luc avait repris et achevé) Une histoire d'eau (1958) où cette fois Brialy soliloque pour séduire une jeune femme sur fond d'inondations ; le même Brialy, mascotte de la Nouvelle Vague, jouera les séducteurs de café pour Tous les garçons s'appellent Patrick (1959). Trois films au passage où la forfanterie et la suffisance masculines en prennent pour leur grade, ce que les apôtres actuels de la déconstruction ont dû noter. Le programme se clôt par Caméra-Eye (1967), auto-confession, auto-critique et manifeste politique en faveur de l'engagement pour le Vietnam et la classe ouvrière, parasité par la culpabilité de ne pas être un révolutionnaire… le tout dans un objet formellement révolutionnaire. Bref, du Godard.

Fête du court-métrage  jeudi 16 mars à 20h à la salle Juliet-Berto, de 4€ à 6, 50€


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