Détours de Babel 2023 : baptême du feu pour la nouvelle direction

Pierre-Henri Frappat et Joséphine Grollemund ont pris la direction du CIMN, organisateur du festival Détours de Babel, à la suite de Benoît Thiebergien. Rencontre, à la veille de l'inauguration de l'édition 2023.


Après plusieurs décennies de 38e Rugissants puis de Détours de Babel sous l'égide de Benoît Thiebergien, une page se tourne en 2023. Ce sera la première édition du festival de musiques du monde et musiques nouvelles orchestrée par la nouvelle direction, Joséphine Grollemund et Pierre-Henri Frappat. Une transition en douceur – la programmation reste en quasi-intégralité signée Benoît Thiebergien – pour le duo dont l'une, Joséphine Grollemund, était déjà secrétaire générale du CIMN (Centre international des musiques nomades, qui organise les DDB et gère le théâtre Sainte-Marie-d'en-Bas).

Elle laisse les interviews à Pierre-Henri Frappat, un Grenoblois d'origine aussi fan de sport – il fut pigiste sportif pour Le Dauphiné Libéré – que de ces musiques dites "du monde", « qui défendent une diversité culturelle, la reconnaissance des minorités, les droits culturels, la richesse du patrimoine immatériel… » Sur son arrivée à la tête d'une structure qu'il connaît bien, il admet que « c'est un moment charnière, quand le directeur fondateur passe le relais. Quant à la codirection, nous sommes partis avec Joséphine d'un constat, c'est que le CIMN regroupe deux activités : un festival d'envergure au niveau local et régional, et la gestion de ce magnifique lieu, le théâtre Sainte-Marie-d'en-Bas, avec sa programmation et ses résidences ».

Élargir les publics des DDB

En ce qui concerne les Détours de Babel, quelques évolutions, mais pas de bouleversements pour l'édition 2023, qui se tiendra du 14 mars au 10 avril en Isère. En Isère, pas qu'à Grenoble et Barraux : « Avec le Babel Tour, nous avons triplé le nombre de communes et de territoires » concernés par un événement des DDB. Par ailleurs, « nous travaillons sur de nouveaux formats : les Babel Solo, des rendez-vous en "afterwork" les mercredis pour découvrir les musiciens sur des temps de solo et échanger avec eux ; les Babelinos, un rendez-vous chaque samedi matin au théâtre Sainte-Marie-d'en-Bas pour le jeune public ; et tous les lundis matin à 8h30, ce qu'on pourrait appeler un "before work", un échange convivial sur les concerts qui vont rythmer la semaine, avec pourquoi pas l'occasion de faire gagner des places… » Autrement dit, multiplier les formats pour élargir les publics.

Pour le théâtre Sainte-Marie-d'en-Bas aussi, les envies sont là. Il s'agit, déjà, de mieux faire connaître ce qui existe : la programmation à l'année (un concert par semaine), les visites du lieu, les ateliers et les cours de chant ou de percussions corporelles, les résidences d'artistes.

Quant à la programmation de l'édition 2023 des Détours de Babel, elle reste traditionnellement si dense et composite qu'il peut être difficile pour le spectateur de s'y retrouver. Les brunchs sont là pour remédier à ça. « Il n'y a pas de têtes d'affiche, mais ce n'est pas grave, parce que pour nous, l'intérêt est de dire : "Venez découvrir quelque chose que vous ne verrez pas ailleurs". Et au-delà de la musique, les artistes portent tous un engagement. »

Ce sera important d'être visibles, cette année. Et on va remonter au créneau auprès de la Région, peut-être de manière collective, avec d'autres acteurs.

Enfin, parlons chiffres : les Détours de Babel ont été amputés de leur subvention 2023 par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, sans avertissement ni explication, comme bon nombre d'acteurs culturels du département. 60 000€ en moins, soit un peu plus de 5% du budget de la structure. Malgré cela, « on veut faire en sorte que ce rendez-vous se passe le mieux possible ». Les investissements ont donc été maintenus, Benoît Thiebergien ayant décidé, l'an dernier, de creuser le déficit plutôt que de réduire la voilure d'un événement qui était déjà quasi bouclé. « Ce sera important d'être visibles, cette année. Et on va remonter au créneau auprès de la Région, peut-être de manière collective, avec d'autres acteurs », indique Pierre-Henri Frappat. « On va aussi explorer d'autres partenariats. »


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