SÉBASTIEN SCHULLER

Happiness (Catalogue/Wagram)


Heureux, Sébastien Schuller ? Il peut l'être, puisqu'après un an de galères, voici enfin son premier album dans les bacs. Heureuses, ces 11 chansons ? N'exagérons rien, car monsieur Schuller a sa propre conception du bonheur, un peu triste sur les bords, salement mélancolique dans le fond. Rappelez-vous, Weeping Willow, ce single magique et lumineux, qui contenait déjà toute l'esthétique à venir : un carrousel musical fait de claviers aériens et de légers arpèges de guitare, soutenu par la voix frêle de Schuller, celle d'un petit enfant triste qu'on croirait échapper d'un conte signé Tim Burton (un titre de l'album, Edward's hands, vient légitimer la référence). Le carrousel tourne à nouveau dans Happiness, avec la même grâce aérienne. Écoutez par exemple Where we had never gone, laissez-vous entraîner par cette boucle entêtante, ces soupirs vocaux d'une âme en peine qui hante sans malice l'espace du morceau... Damned ! Vous voilà faits ! Ainsi travaille Sébastien Schuller, comme un jeune magicien qui réinvente à chaque instant ses tours. Berceuse peuplée d'ombres inquiétantes (Sleeping song) ou apocalypse intérieure (Le Dernier jour), ce monde lui appartient en propre. On dira, par facilité, qu'il ressemble à celui de Air ou du premier Sébastien Tellier... D'accord, mais du Air pas pourri, du Tellier premier degré. Du Schuller, en fait.CC


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