BRIGHT EYES

I'm wide awake, it's morning/Digital ash in a digital urn (Saddle Creek/PIAS)


À l'inverse de beaucoup d'artistes importants de cette rentrée musicale, on ne pourra pas reprocher à Conor Oberst de ne pas se renouveler. Après ce chef-d'œuvre total qu'était Lifted, il sort conjointement deux albums très différents, l'un de l'autre mais aussi de ses précédents opus. Si les deux retrouvent l'esprit folk qui anime ce prodigieux songwriter, I'm wide awake, it's morning lorgne vers une forme de country épurée, tandis que Digital ash in a digital urn, présenté comme "expérimental", en fait plus produit, s'aventure vers le rock et l'électro. C'est sur ce dernier que l'on trouve les morceaux les plus fulgurants (ou plutôt, car c'est là l'intérêt réel de Bright Eyes, les meilleures chansons), ceux où s'épanouissent le mieux son désespoir combatif, sa manière de regarder la vie comme un bordel permanent face auquel on ne peut qu'être heureux malgré tout. Au-delà des comparatifs, on ne peut qu'admirer la grande beauté de ces 22 chansons, dont on racontera quelques sommets : une longue ballade mélancolique en duo avec Emylou Harris bercée par des "If you'll walk away, I'll walk away" (Landlocked blues) ; un passage violemment érotique et percutant (Take it easy (Love nothing)) ; un autoportrait en forme de confession amère qui se conclue par un réjouissant "Let's fuck it up, boys, make some noise !" (Road to joy) ; ou enfin, perle parmi les perles, l'extraordinaire lyrisme qui vient envahir une chanson vraiment barrée comme Gold mine gutted. Indispensable(s).CC


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