«Une œuvre unique»

Entretien / Trois questions à Dominique Bourgois, qui édite l'ensemble de l'œuvre de Toni Morrison en France, à propos de l'auteur et de son rayonnement auprès du public Propos recueillis par YN


Vous avez édité Toni Morrison dès son premier roman traduit en français, L'Œil le plus bleu. Pouvez-vous nous dire un mot sur votre «rencontre» avec son œuvre,en tant que lecteur et éditeur ?Dominique Bourgois : Nous avons commencé à publier Toni Morrison en 1989 en ayant immédiatement le sentiment que c'était une œuvre unique et importante. Nous avons depuis publié tous ses romans dans ce qui semble être une parfaite confiance éditoriale. J'ai écouté Madame Morrison lire des extraits de Paradise à l'université de Princeton. Elle a coutume d'offrir à ses élèves la lecture d'un chapitre sur lequel elle travaille.La traduction d'une telle écriture présente-t-elle des difficultés particulières ? Quel type de relation éditoriale entretenez-vous avec elle ?Depuis 1993, année de l'attribution du prix Nobel, elle m'a toujours entretenu des manuscrits sur lesquels elle travaillait. La traduction de son œuvre est extrêmement difficile car la musique de Toni Morrison est unique. Elle s'en explique très bien dans les interviews qu'elle vient de donner. Si ses personnages sont uniques, leur vocabulaire l'est aussi.Le rayonnement de Toni Morrison est très large. Qu'est-ce qui fait la grandeur de cette œuvre ?Ce qui fait la grandeur de son œuvre, je pense, est l'impact qu'elle a sur les lecteurs, la reconnaissance qu'ils lui expriment et le respect qu'ils lui témoignent, quels que soient les pays où son œuvre est publiée et quels que soient l'âge, la race ou le sexe du lecteur. J'ai vu tous les publics faire la queue pour la rencontrer aussi bien à New York qu'à Paris, Genève ou Londres. Son roman Beloved a été élu l'année dernière aux États-Unis meilleur livre des 25 dernières années.


<< article précédent
Black Book