Nouvelles cartes

Théâtre / Les menus des saisons théâtrales 2006-2007 pointent le bout de leur nez. Pour cette première visite, honneur aux primo arrivants. La Croix-Rousse et le TNP ont dégainé les premiers. Dorotée Aznar


Au Théâtre National Populaire, la saison s'annonce un peu particulière. Tout d'abord parce que dans deux ans, l'équipe quittera les lieux et anticipe déjà son repli provisoire, dans un petit théâtre construit derrière le TNP. Ensuite, parce que la programmation fait la part belle à la comédie. Christian Schiaretti a même décidé de monter trois pièces de Molière. N'y voyez pas un moyen de faire taire tous ceux qui trouvaient les programmations décidemment un peu tristes. Le directeur du théâtre est formel : "je n'ai pas de culpabilité vis-à-vis du rire. D'ailleurs, la gaîté n'est pas le bonheur..." Qu'on se le dise. La saison s'ouvre sur du Kyôgen, farces japonaises traditionnelles et codifiées, faites de petites unités narratives et interprétées par une famille d'acteurs qui évolue sur une authentique scène de Nô. Après cette entrée en matière, le directeur du TNP se frottera à son premier Shakespeare, une tragédie cette fois : Coriolan. Du côté des spectacles invités, après l'excellent Banquet des Cendres cette saison, Antonio Latella revient avec Larmes amères, une pièce de Fassbinder sur la passion dévorante et les rapports de domination, à ne pas manquer. A ne pas manquer non plus, Don, mécènes et adorateurs, de Alexandre Ostrovski mise en scène par Bernard Sobel, avec 17 comédiens sur un plateau nu et Sacha, une jeune fille comédienne talentueuse et pauvre qui devra choisir entre son amour de jeunesse et son avenir prometteur. Cette saison ouverte aux grandes figures russes se poursuivra avec Adam et Eve mise en scène par Daniel Jeanneteau et Les Trois sœurs par Stéphane Braunschweig, directeur du Théâtre National de Strasbourg.Sur la collineRideau, changement de décor. À la Croix-Rousse, pas de révolution. Du Philippe Faure, un peu, avec les reprises de la Pitié Dangereuse et de On ne badine pas avec l'amour, du Marivaux avec La Dispute mise en scène par Marc Paquien (prix de la Révélation théâtrale de la mise en scène en 2004) et le retour de ceux qui ont signé quelques-unes des belles réussites de la saison. Le Quatuor Debussy notamment, sans oublier nos coups de cœur 2006 : Vincent Roumagnac qui propose une adaptation de La Mouette avec Vale Poher à la guitare (!) et Emmanuel Mérieu avec The Winterling, troisième et dernière partie de son travail sur Jez Butterworth. Et, comme toujours à la Croix-Rousse, place à l'éclectisme, du nô japonais à Edouard Baer, de la soirée Copi aux grands noms qui décidément ne se lassent pas des planches croix-roussiennes (Romane Bohringer, Elsa Zylberstein, Elodie Boucher ou Sylvie Testud) en passant par Olivier Py qui propose un diptyque à partir de deux contes de Grimm. Il n'y a plus qu'à piocher.


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