Le train c'est bien


Rock / "S'il te plaît, ne va pas dans la cuisine, c'est là que sont les couteaux..." On s'en doute, tout ça finira mal. Un bain de sang et le sommeil éternel sur le carrelage de ladite cuisine. Des jolies histoires comme ça, David Martin, le chanteur d'iLiKETRAiNS en a plein sa besace. "C'était vraiment une chouette fête, avant que l'accident n'arrive", sympa... Débités d'une voix caverneuse (limite gothique) au flot élégamment aphasique, les contes sinistres de ce quintette du nord de l'Angleterre impressionnent par leur redoutable concision - une écriture sèche et distanciée - et par la puissance évocatrice de la musique qui les porte. Si comme tout vocaliste couillu qui se respecte, Martin paie son tribut à Léonard Cohen, le groupe lui, a su dompter la fée électricité pour la faire cohabiter sans heurt avec cuivres et cordes, comme dans les maisons post-rock les plus spacieuses, de Godspeed You ! Black Emperor à Sigur Ros. Et si l'on tutoie parfois le cliché "couplet calme et dépouillé, puis furie sonique post-adolescente", iLiKETRAiNS évite l'écueil de la facilité en calant ses guitares rugissantes sur la sobriété de ses mots. On ne délaie pas, on reste sobre et l'on perce malgré tout les tympans par une belle force tranquille. Adeptes de la montée en puissance à l'intérieur de leurs morceaux, nos chers ferrophiles (ils jouent en uniformes de la société de chemins de fer britannique !) en font de même avec leur album (Progress reform, chez Talitres) qui ne cesse de gagner en intensité au fil des titres, pour se terminer sur le vibrant Beeching report et son chœur mâle très cohenien. À l'arrivée, on aime vraiment bien ces gens qui aiment bien les trains... Emmanuel AlarcoILiKETRAiNS + RedjetsonDimanche 4 juin à 18hAu Sirius (gratuit)


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