L'art et la manière

Festival / Lectures, danse, théâtre, performances, installations multimédia, musique : le festival Les Intranquilles persiste à mélanger les langages et les émotions en tissant des liens entre la littérature et d'autres formes d'expression artistique. Yann Nicol


La création naît de l'"intranquillité". Du questionnement. De l'étonnement. Du doute. De l'invention. Elle y prend sa source avant d'éclore, ici sous forme de mots, là par le langage des corps, la vibration d'une corde. Elle est littérature, danse, ou musique. C'est cette relation que la Villa Gillet et les Subsistances, co-organisateurs des Intranquilles, mettent en évidence sur une période exceptionnellement longue avec une programmation riche en évènements les plus divers. Pendant un mois, ils accueilleront ainsi des chorégraphes, des auteurs, des comédiens, des musiciens, des danseurs, tandis que d'autres lieux urbains (bars, restos, librairies...) présenteront plus de vingt lectures-rencontres, toutes gratuites, avec des écrivains et des lecteurs. Signalons une attente toute particulière pour les interventions d'Antoine Volodine, David Lodge ou Marie Darrieussecq, et les lectures de textes "sacrés" : Apollinaire, Bataille ou Georges Hyvernaud. Le festival se terminera par deux lectures "transatlantiques" prometteuses et symboliques, avec la présence de Raymond Federman et de Theo Hakola, qui mettra en musique et en chanson son dernier roman La Valse des affluents. Un exercice qui résume à lui seul l'interférence entre les différents genres à l'honneur dans ce festival.Une histoire de familleLa manifestation débute donc le 18 mai à la Villa Gillet par une création de la danseuse d'origine hongroise Eszter Salamon. Cette chorégraphe passionnante propose dans son spectacle un retour aux sources en intégrant à son travail la danse traditionnelle de son enfance. Entourée de sa propre mère et de nombreux danseurs et musiciens hongrois, c'est autant son identité artistique que son héritage culturel qu'elle questionne en mêlant ses deux influences. Un projet où folklore et modernité s'imbriquent, se nourrissent mutuellement pour rendre compte d'une expérience et d'une représentation de soi. Cette quête esthétique et identitaire trouvera un écho dans la deuxième partie de cette soirée d'ouverture, puisque le parc de la Villa accueillera gratuitement les spectateurs pour une soirée "feux de camps" placée sous le signe de la famille. Quatre lectures au coin du feu, avec un accompagnement musical. Quatre œuvres qui abordent la difficile question du lien de sang : la figure du père avec Mon père est un petit bicot de Sonia Moumen, la relation maternelle pour le texte d'Alona Kimhi Suzanne la pleureuse, mais aussi la fratrie dans l'excellent Mon frère de Jamaica Kincaid et la filiation à travers l'œuvre d'Eugène Savitzkaya Marin mon cœur. Sachez que pendant toute la durée du festival, Laurent Driss arpentera la ville à bord de sa caravane jaune, dans une déambulation poétique aux multiples escales et ouverte à tous. Le 4 juin, vous pourrez même y laisser vos chers bambins et participer à une visite du site des Subsistances en toute... tranquillité. Les IntranquillesDu 18 mai au 17 juinProgramme sur www.lesintranquilles.net


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