Tranches de vie
publié dans Musiques par le Mercredi 6 avril 2005
Danse & cirque / Je me souviens de ce week-end d'hiver passé aux Subsistances avec elle... Un fiasco. Elle avait commencé par s'esclaffer sur "ce dingue barbotant, par -5°, tel un spermatozoïde dans une éprouvette géante !". Nouveau cirque avais-je répondu, un peu spécial je te l'accorde. S'était endormie pendant la chorégraphie superbe de Boris Charmatz tout en tension et en hypnose picturale. Pas même un merci, l'ingrate, pour le petit chef d'œuvre noir et déchirant d'Alain Buffard. Et quand je m'étais retourné, plein d'enthousiasme pour l'hystérie techno-punk de Volt, ma muse disparue traversait déjà la Saône dans une envolée d'Austin Mini rejoindre les siens sur l'autre rive. Comment recoller les morceaux pour ce Week-end de printemps ? Courage, rejouons notre numéro de sub-séducteur : nouveau cirque et danse extrême. Le truc le plus audacieux serait de se rendre à la création du chorégraphe Laurent Pichaud où, dans un gymnase, des danseurs-performeurs tenteront de nous replonger parmi nos souvenirs, bons ou mauvais, liés à cet espace... De la danse déroutante aussi avec Mark Tompkins et son solo Song and Danse : le spectacle débute par la fin et le danseur entre sur scène alors qu'on démonte le décor et déserte le plateau. Une solitude dénudée et nostalgique, baignée des musiques de Dylan, Prince, Patti Smith... On a rappelé ci-dessus notre admiration pour la dernière pièce de Boris Charmatz et Dimitri Chamblas présentée aux Subs. Cette fois, ce sera plus risqué avec l'œuvre de jeunesse des deux compères (A bras le corps, duo viril et physique) et une improvisation de Charmatz. Ceci dit, jusqu'à présent, nous n'avons jamais été déçus par sa danse inventive, à rebrousse poil et brute de décoffrage. Côté cirque, on ira les yeux fermés découvrir Janei de Metzger et Zimmermann. Les trois Suisses (avec le DJ Perrot) proposent en général un catalogue de dingueries acrobatiques et virtuoses, enchâssées dans un univers absurde et mécanique proche de Kafka et Tati. Jean-Emmanuel Denave