I can hear your heart

AIDAN JOHN MOFFAT Chemikal Underground/PIAS


Certains font des gorges chaudes du sympathique album des Teenagers. Pourtant, leur musique pourrait se résumer à : «Arab Strap pour les nuls». Comme pour montrer que la hype prend ses sources dans l'underground le plus profond, Aidan (John) Moffat, moitié du défunt et adoré groupe écossais, sort un fulgurant album solo qui renvoie tous ces puceaux à leurs problèmes d'acné. Moffat aussi replonge dans sa jeunesse, mais pour raconter sa vie sexuelle en courts poèmes parlés plus que chantés sur des «musiques» allant du vieux vinyl rayé à l'ambiance d'une soirée privée, de l'easy listening à la BO de western spaghetti. La vérité incroyable des textes (se rendre compte que l'on ne pourra pas construire sa vie avec une fille qui n'aime que des films de merde, rentrer se mettre au lit avec sa copine alors qu'on vient de coucher avec une autre…) et la beauté brute de la production préparent le terrain pour un dernier morceau admirable. Plus de musique, juste le texte : Moffat marche, bourré et en pyjama, dans les rues de Glasgow, s'incruste dans une fête, se fait passer pour un autre, séduit une jeune fille nommée Hillary qui fête ses 16 ans, l'embrasse dans sa chambre, puis s'échoue ivre mort à un arrêt de bus. Quand il rentre chez lui, il découvre, embarrassé, son ex titubant dans le même état que lui. Cet instantané de 10 minutes flanque la chaire de poule, et rappelle l'autre grand disque de cette saison, celui de Mendelson, qui s'achevait par un morceau de bravoure du même ordre. En 2008, les auteurs du rock prendront-ils le pouvoir sur les faiseurs ?CC


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Vents, force 5