"Tirer le zombie vers le haut"

Entretien / Julien Pouget, président du Festival International du Zombie. Propos recueillis par Christophe Chabert


Petit Bulletin : Pourquoi ce Festival "international" du zombie ?
Julien Pouget :
Le mot international permet d'élever le zombie à une hauteur peu commune. Le zombie vient de sous terre, et on le tire vers le haut, ceux que l'on a croisés étaient vraiment très contents de cet honneur. Sinon, l'an dernier, on avait fait un festival des arts ninjas à la Boulangerie du Prado, et on voulait passer un cap. On s'est demandé quel genre du cinéma fantastique on pouvait aborder pour ça…Vous venez des soirées nanars, du cinéma bis…
À la base, on projetait des courts-métrages étudiants, des films décalés, oniriques, et aussi des nanars. C'est dans cette lignée-là qu'on a travaillé le festival.Parlez-nous des deux projets autour du court-métrage qui émailleront le festival…
On a eu une dizaine de films déjà tournés, d'autres qu'on n'a pas pu prendre à cause de droits musicaux, et certains ont été tournés pour l'occasion… Pour le deuxième programme, 8 jours plus tard, on a repris un concept qui existait déjà en France, mais aussi à Lyon avec le café DV, à savoir huit jours pour tourner et monter un film, et on a eu beaucoup plus de propositions que prévues : 5 équipes inscrites, plus d'autres qui nous l'ont signifié à l'oral. On est assez confiants…Est-ce que vous avez le sentiment que le genre est inépuisable ?
C'est la question que je me suis posée aux moments des dernières sorties, 28 semaines plus tard, Rec… J'ai été agréablement surpris par ces relectures, on peut constater que les années 80 n'ont pas épuisé le genre. Pareil pour les courts-métrages : il y a de l'originalité, de la recherche et des idées, notamment dans un court qui s'appelle Spécialité du chef, qui fait partie d'un projet collectif de 6 films autour des zombies. Pas toujours : on trouve encore des films où des zombies se contentent de courir après des gens.Comment est-ce que vous expliquez ce retour à la figure du zombie ?
J'ai pas la réponse absolue, mais comme Romero dans Zombie ou La Nuit des morts-vivants parlait de problèmes de son époque, on trouve par exemple dans 28 semaines plus tard une réflexion très forte sur l'explosion de la cellule familiale. 28 jours plus tard est plus dans un hommage littéral à la trilogie de Romero, il la reprend dans ses trois actes et ne s'en cache pas. La dernière mouvance interroge l'image-réalité, la télé, les médias…Quant à cette «zombie pride», où en est-on ?
On est sur le point d'être gentiment débordé ! On a une explosion des inscriptions, on en a cinq ou six par jour… On est prêt à accueillir 115 personnes pour assurer correctement le maquillage, au-delà, on sera un peu dépassés par la prise en charge. C'est un défilé festif, avec de la sécurité, des autorisations en règle, où des gens déguisés en zombies avancent au milieu des gens normaux. C'est une première en France, on a envie d'étonner, de choquer gentiment, mais que ça reste marrant, bon enfant.Peut-on parler de communauté ?
On crée le festival, on lance cette marche zombie, et on a eu immédiatement des réactions enthousiastes, on a reçu beaucoup de mails, des gens motivés, de bons conseils. Il y a une communauté qui a l'air friand de ça, il y a une vraie demande.Mais y a-t-il une affirmation identitaire, politique, sexuelle derrière ça, ou est-ce juste pour rigoler ?
À la création des flash-mobs, les organisateurs disaient qu'ils étaient dans le faire. Nous faisons pareils : on met tout en marche pour que les choses se fassent, après on laissera aux autres le soin d'en tirer des conclusions politiques ou intellectuelles.


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Il est beau, mon zombie !