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D'Ulrich Seidl (Autriche, 2h15) avec Ekateryna Rak, Paul Hofmann…


Vous qui entrez dans la salle de cinéma, abandonnez tout espoir. Le projet esthétique d'Ulrich Seidl est de nous confronter à une série de vignettes d'une beauté visuelle trouble, en complet décalage avec une horreur quotidienne d'où toute humanité aurait déserté. Une jeune mère ukrainienne déménage en Autriche, où elle travaille dans une unité de gériatrie peuplée de cadavres en devenir. Une petite frappe autrichienne suit son gros porc de beau-père en Ukraine pour échapper à ses problèmes financiers. Leurs parcours respectifs, sans jamais se croiser, étalent leurs lots de misères humaines, de décadence sociale et autres atrocités humiliantes. Seidl joue volontairement sur la durée souvent intenables de ses plans, se love avec trouble dans la complaisance sous couvert de vouloir regarder la réalité en face, affirme en permanence un sentiment de misanthropie dévorante vis-à-vis de ses protagonistes. Autant d'éléments traduisant un art achevé de la manipulation : si les tréfonds de l'âme humaine vous fascinent, foncez, si la distance nauséeuse mais signifiante vous rebute, fuyez. FC


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