Machines en duel


Ciné-concert / En 1971, Steven Spielberg est encore en train d'apprendre son métier de cinéaste aux studios Universal (où il signe, entre autres, quelques épisodes de Colombo) quand on lui confie la réalisation de Duel. Tourné pour la télévision, le film est tellement bon que son distributeur décide de le sortir en salles à travers le monde (il glanera le premier grand prix du festival d'Avoriaz). Près de trente ans après, Duel a gardé ce qui fait le charme indémodable du grand cinéma classique : l'image, et seulement l'image, crée l'action, chaque plan transmet du sens, tout y est méticuleusement pesé pour produire les émotions voulues chez le spectateur. Dans son ciné-concert à partir du film, Olivier Mellano a choisi de couper le son, supprimant les rares dialogues, rendant au film sa puissance purement visuelle. La partition qu'il a imaginé colle à la perfection au fracas métallique de cette course-poursuite dans le désert américain entre une voiture et un camion, les conducteurs étant soit transparent pour l'un, soit invisible pour l'autre. Larsens, distorsions, stridences, bruit proche de la musique industrielle, viennent créer une distance musicale à un film qui ne parle que de ça (la distance réglementaire entre deux véhicules, mais aussi la distance plus subtil entre l'humain et la sauvagerie). Comme Spielberg dans le film, les thèmes et mélodies sont construites sur le principe du crescendo et du paroxysme, les lignes claires (de l'horizon) s'évanouissant dans les cassures du montage puis dans le tremblement du cadre. L'union des deux est comme le ballet de deux stylistes dans un exercice de haute volée. CCDuel
Au Théâtre de la Renaissance, vendredi 16 janvier à 20h.


<< article précédent
Import export