Devil in miss Bones

Entretien / Ebony Bones, l'une des plus belles découvertes de cette édition de Nuits Sonores, dont le premier album devrait faire parler de lui s'il existe une justice en ce bas monde. Propos recueillis par François Cau


Petit Bulletin : Pourquoi avoir bifurqué vers la musique après vos expériences en tant qu'actrice ?
Ebony Bones : Très jeune, j'étais obsédée par la télévision. Je me rappelle, ce n'était pas à l'époque un media très multiculturel, et ça me troublait, je ne me sentais pas prise en compte. Mais quand j'ai eu l'opportunité d'avoir un rôle récurrent dans un feuilleton télé, ces préoccupations ont disparu, je suis devenue paresseuse. J'y ai passé quelques années, ce fut une bonne expérience, mais ce n'était pas ce dont j'avais envie, je voulais m'exprimer autrement, et j'ai donc choisi la musique. Et vous vous êtes lancé dans l'aventure en autodidacte…
Je ne voulais surtout pas que quelqu'un me dise quoi faire, même si la musique était quelque chose de nouveau pour moi. En enregistrant l'album par exemple, j'ai moi-même joué de tous les instruments – même si je ne suis pas vraiment une bonne musicienne. Je suis saoulée par ce qu'on nous impose à la radio, surtout maintenant qu'Internet a rendu accessible quasiment tout. Je voulais montrer cette diversité, aller dans le clash culturel. Mais vous n'avez pas craint que cette démarche “do it yourself“ soit dénaturée par votre arrivée dans l'industrie du disque ?
Non. Je ne connaissais rien au business de la musique, mais j'aime me projeter dans la nouveauté et si je n'avais pas eu le cran d'imposer ce que je voulais, je n'aurais pas tenté le coup. J'ai eu pas mal de propositions, j'ai pu choisir celle qui me laissait le plus de liberté. C'est vrai, cela dit, que l'industrie de la musique essaie vraiment de tout contrôler, en particulier chez les artistes féminins…Comment avez-vous choisi les membres du groupe ?
Ce sont tous de bons amis. Pas forcément des musiciens professionnels, ils ont juste de petites expériences scéniques, mais une fois qu'on s'était lancé, c'était vraiment excitant. Je ne définirais pas vraiment ma musique comme du punk, mais il y a des côtés punk dans notre approche, on se lâche dans quelque chose qu'on ne maîtrise pas, sans trop savoir comment. On s'est accrochés, et maintenant, quand on est sur scène, on est excités comme des gosses le jour de Noël, on s'amuse et on encourage le public à faire de même. Ebony Bones
Vendredi 22 mai à 0h45, au Marché Gare
“Bone of my bones“, disponible le 15 juin.


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