The Fall

Tarsem Singh M6 vidéo


Resté inédit en salles, le deuxième film de Tarsem, ex-clippeur génial (Losing my religion de REM, c'est lui), puis réalisateur de l'intrigant The Cell, méritait mieux que de sortir en DVD dans la torpeur du mois d'août. En même temps, cela lui a évité l'humiliation suprême d'une presse parisienne qui n'aurait pas manqué de râler sur son «esthétique publicitaire». Tarsem Singh est, il est vrai, un fabuleux inventeur d'images, le genre de gars qui peut vous scotcher deux heures durant avec des plans d'une puissance d'évocation hallucinante. Mais The Fall est aussi un film bouleversant, une déclaration d'amour au cinéma comme consolation nécessaire — mais insuffisante — face à la violence du monde, proche en cela du Labyrinthe de Pan de Del Toro. Dans un hôpital à Los Angeles au cours des années 20, un cascadeur aux idéaux brisés raconte chaque soir à une petite fille malade son histoire, en la transformant en grand récit d'aventures épiques. Tarsem Singh emporte le spectateur dans un conte bigger than life, un rêve éveillé qui à tout instant peut basculer dans le cauchemar. Car la vie est dure, impitoyable, et maintenir le cours d'un récit, cela signifie mentir, faire semblant de penser que les fins peuvent être heureuse, que l'amour peut triompher, que la maladie peut être terrassée… Cette foi vacillante et fragile dans un horizon merveilleux permet à The Fall de tenir la distance, et de ne jamais sombrer ni dans la naïveté, ni dans l'illustration gratuite. CC


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