Jacques Dutronc
publié dans Musiques par Christophe Chabert le Vendredi 4 décembre 2009
Les Années Vogue
Sony Music
2010 sera l'année Dutronc, puisque celui-ci repart en tournée avec 51 concerts événements (dont celui du 11 février à Lyon). Pour se préparer à cet événement, il est indispensable de se replonger dans la période la plus féconde de sa carrière, avec la réédition en CD respectant les vinyles originaux des 8 albums enregistrés pour Vogue — signalons que les EP sont aussi réédités dans un autre coffret. En l'espace de cinq ans à peine, Dutronc bouscule la variété française et laisse tout le monde loin derrière : la qualité des textes de Jacques Lanzmann (son parolier dont il dit dans L'Idole «non seulement il est fou à lier / mais en plus il ne veut me faire chanter / que des histoires d'obsédés») s'accompagne musicalement d'une hallucinante exploration du rock sous toutes ses formes. Des jerks psychédéliques déments de "L'Augmentation" ou des "Cactus" jusqu'aux compositions mods de "La Publicité" ou "Sur une nappe de restaurant", la modernité de l'œuvre est éclatante. Dutronc, synchrone avec l'esprit de mai 68 (qui tombe pile poil au milieu de cette stupéfiante série), parle de la libération sexuelle en en pressentant les limites (ce chef-d'œuvre qu'est "Il suffit de leur demander") y compris sa récupération par le libéralisme (L'Amour est le moteur du monde), ironise sur les modes politiques (Hippie, hippie, hourrah), se moque de tout et de tous avec une désinvolture dandy inimitable. Dutronc a été notre Bob Dylan, et il n'est jamais trop tard pour le rappeler — on le fera dès la rentrée ! CC