Un trait de Marker

Cinéaste de l’ombre explorant les nouveaux médias et les écrans de toute sorte, Chris Marker fait l’objet d’une rétrospective à l’Institut Lumière avec en point d’orgue cette semaine une conférence de Michel Ciment autour de son œuvre. CC

Apparu au milieu des années 50 aux côtés d’Alain Resnais avec un film qu’ils avaient co-réalisés (Les Statues meurent aussi), Chris Marker a traversé le cinéma moderne en fantôme insaisissable. Invisible, ne donnant aujourd’hui ses interviews que via son avatar sur Second Life, Marker est un explorateur du monde et des images, passant sans transition du domestique au politique, du virtuel au réel. Son œuvre est une des plus hétérogènes qui soient : un moyen-métrage de fiction fait uniquement de photos avec un commentaire off (La Jetée), un très long-métrage documentaire sur les révolutions socialistes à travers le monde et leur échec (Le Fond de l’air est rouge), des films sur des cinéastes entre l’essai, la fiction et le documentaire (Le Tombeau d’Alexandre sur Medvekine, AK, qui regarde Kurosawa sur le tournage de Ran, Une journée d’Andrei Arsenevitch autour de Tarkovski…), des courts-métrages engagés et d’autres, au contraire, complètement fantaisistes (où l’on découvre, par exemple, le goût de Marker pour les chats, notamment le sien baptisé Guillaume-en-Egypte). Hétérogène aussi, les supports utilisés par le cinéaste : Marker a très vite travaillé pour la télévision, certaines de ses œuvres ont fait l’objet d’installation dans des musées, d’autres ont donné lieu à des CD-rom… Son ultime film pour le grand écran, Level 5 (1996), annonce d’ailleurs l’apparition des web-cams et des blogs vidéo qui redéfinissent le rapport entre l’intime et l’espace public.Obsession
Malgré ses contours complexes, l’œuvre de Marker a un centre, et ce centre est un film : Vertigo d’Alfred Hitchcock. On y voit un enquêteur privé obsédé par le souvenir d’une femme qu’il poursuit, au point de la voir revenir d’entre les morts dans la seconde partie… Cette obsession pour ce film obsessionnel qu’est Vertigo structure la réflexion de Marker sur une mémoire nécessaire mais trompeuse : un souvenir passé peut devenir une prémonition de l’avenir — La Jetée, une bataille de la Seconde Guerre mondiale devient le sujet d’un jeu vidéo sur lequel travaille une femme qui, par ailleurs, dialogue avec son ancien amant — Level 5, on lit les lettres (imaginaires) d’un documentariste (fictif) — Sans soleil. En définitive, c’est la mémoire des images qu’interroge Marker : images d’actualité ou images de fiction, arrêtées ou en mouvement, les siennes comme celles des autres.Chris Marker
Conférence de Michel Ciment suivie du Tombeau d’Alexandre
Mercredi 9 décembre à 21h à l’Institut Lumière.

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