David Prudhomme


La justice serait de ce monde, Riad Sattouf et son "Pascal Brutal" ne seraient pas repartis d'Angoulême en janvier avec le Prix du meilleur album. Car s'il est bien une œuvre qui méritait un coup de projecteur aussi aveuglant que celui du Festival International de la Bande-Dessinée, c'est le "Rébétiko" de David Prudhomme, primé dans une catégorie secondaire. "Rébétiko", c'est le nom d'une musique populaire apparue en Grèce au crépuscule du XIXe siècle et jouée dans des tripots par des musiciens se signant au nom du sexe, des drogues et d'un esprit libertaire. En soi, le sujet est déjà passionnant, Prudhomme étant de ces artistes ne s'adressant pas qu'aux yeux : une fois sorti de cette galerie de personnages à l'élégance burinée, restent une luminosité caniculaire, des volutes de haschich et l'écho du bouzouki. Mais là où il confirme son statut d'étoile montante du neuvième art, c'est dans sa façon de mettre le folklore au service d'une certaine idée de l'humanité, fraternelle et romantique, en situant son récit dans les années 30, aux premières heures du règne sanglant du général Ioannis Metaxas. Autant dire que sa venue constitue un événement. Dans le cadre de la Fête du livre, David Prudhomme sera par ailleurs accompagné de Cédric Rassat et Raphaël Gauthey, respectivement scénariste et dessinateur On dirait le Sud (Delcourt), autre titre méditerranéen en diable puisque l'on y prend le pouls d'un petit village ébranlé par l'approche d'un plan social.David Prudhomme (avec Cédric Rassat et Raphaël Gauthey)
À la Salle des Balances, dimanche 7 mars à 12h30.


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Yannick Haenel