Serge Dorny Ou… l'homme qui célèbre les femmes

Lorsqu'on entre dans le bureau de Serge Dorny, directeur de l'Opéra de Lyon, on ne sait jamais quand on en ressort. L'homme entre en scène et raconte son Festival. Propos recueillis par PC


Petit Bulletin : Un Festival par saison, c'est votre idée depuis votre arrivée à l'Opéra de Lyon. Ce Festival Mozart a-t-il une place particulière ?
Serge Dorny : Pour moi, ce Festival Mozart, c'est la célébration d'un cycle que nous avons construit au fil du temps. Il y a quelques années, j'ai annoncé que nous allions élaborer certains cycles : Pouchkine/Tchaïkovski, Bellini… Ce Festival Mozart/Da Ponte est un projet artistique développé depuis longtemps avec Adrian Noble. Nous voulons montrer la cohérence qui existe entre les trois chefs-d'œuvre aux univers différents mais aux liens dramaturgiques évidents. Ce n'est pas chose quotidienne que de voir et d'entendre les trois Mozart/Da Ponte de manière consécutive. Même au Métropolitan Opéra à New-York les trois œuvres n'ont jamais été données face à face. Le mélomane va-t-il trouver un plus dans cette immersion totale ?
C'est une lecture que l'on propose, celle d'un musicien, le chef d'orchestre Stefano Montanari ; d'un metteur en scène, Adrian Noble et d'une œuvre. C'est intéressant de voir quelles sont les résonnances entre les différentes œuvres. Un vaste traité de l'amour décrit trois étapes de la vie d'un homme. D'abord l'insouciance, l'amour juvénile avec "Cosi fan tutte", le triomphe de la jeunesse où l'amour est un jeu. Le deuxième volet, "Les Noces de Figaro", décrit l'amour adulte où on se projette dans le temps, où on construit, où l'on croit dans cette possibilité d'aimer et d'être aimé avec les blessures profondes qui vont avec. Et pour le dernier volet, "Don Giovanni", c'est le cynisme total. Il y a une cohérence scénographique évidente, le public fera sa propre lecture, je ne tiens pas à donner un manuel pour dire comment il faut voir les œuvres et comment les décrypter. J'espère toujours nourrir l'imaginaire de chaque spectateur, c'est tout.


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