Ganglions sympathiques


Asseyez-vous, fermez les yeux. Faites le vide. Oubliez la primaire PS, les crises d'hystérie de Jocelyne de la compta, tout. Puis ouvrez les yeux. En douceur. Ici, le soleil a les pleins pouvoirs. Vous ne voudriez pas choper une cataracte alors que vous venez d'arriver. Maintenant relevez-vous. Vous sentez ce sable fin sous vos extrémités ? Vous entendez ce sauvage ressac ? Pas de doute, vous êtes sur une plage paradisiaque. Comme celle figurant sur la carte postale que vos parents vous ont envoyé l'été dernier. Même qu'elle vous avait moyen enchanté vu qu'ils ont attendu de ne plus vous avoir à charge pour faire des tropiques leur lieu de villégiature préféré. Bref, vous êtes sur une plage paradisiaque. Mais quelque chose cloche. La végétation qui borde les lieux par exemple. Pourquoi bruisse-t-elle d'une respiration menaçante ? Et ces baigneurs qui viennent de vous dépasser à toute blinde ? À en croire leurs rires de hyènes torchées au protoxyde d'azote, ce n'était pas des vitamines qu'ils gobaient par poignée de douze. Et puis il y a ces quatre musiciens-là, qui chantonnent et grattouillent sous les palmiers. Ils sont bien mignons, avec leurs harmonies vocales typées Beach Boys et leurs barbes de naufragés. Ce qu'il y a, c'est qu'ils utilisent des crans d'arrêt en guise de médiator et des dynamos de fabrication allemande (Amon Düül, drôle de nom) rouillés pour alimenter leurs amplis. Et soudain tout devient limpide. Vous n'êtes ni à Bora Bora, ni sur une des îles Cook. Vous êtes à un concert des Ganglians, et la surf pop psychédélique de ces Californiens vous dépayse autant qu'elle vous remue. La marque d'un grand groupe.


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