Allo Lyon, ici la Terre


On a cherché partout. Dans la moindre ligne de code de son site web, entre les lignes de ses plaquettes, dans le blanc des yeux de sa directrice. Mais on n'a rien trouvé. Aucune mention, de la part de l'Épicerie Moderne, d'une "Année Kurt Cobain", comme il peut y avoir une "Année Jean-Jacques Rousseau" du côté de l'Hôtel de Région. On aura pourtant vu, en l'espace de quelques mois et d'ici la fin de la saison, défiler tout l'entourage du défunt poster boy du grunge. D'abord Chokebore, son groupe préféré. Ensuite The Melvins, son autre groupe préféré, dont le frontman à tête de champignon atomique, Buzz Osbourne, fut le bassiste du premier groupe de Cobain, Fecal Matter. Bientôt Steve Albini, nerd en chef du trio noise Shellac et producteur de l'album le plus corrosif de Nirvana (Bleach). Peut-être, cela tiendrait du miracle, Mark Lanegan, mythe vivant du desert rock avec lequel Cobain grattouilla un temps des reprises du bluesman Leadbelly (dont le fameux Where Did You Sleep ? du concert Unplugged in New York). Et cette semaine Dylan Carlson. Le coloc de Cobain, maudit par la Génération X pour avoir, à son insu, fourni à son porte-parole l'arme de son suicide. Depuis un quart de siècle qu'à la tête de Earth il produit, entre americana dévastée et drone cataclysmique, l'une des musiques les plus sidérantes (de puissance, de mélancolie, d'audace, de suggestivité) d'Amérique. On a, pour notre part, largement trouvé de quoi lui pardonner.
Benjamin Mialot 

Earth + Mount Eerie + Ô Paon
À l'Épicerie Moderne, mercredi 21 mars 


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Aurora