Entre l'extase et la douleur


À chaque décennie son année musicale de référence. Les fifties eurent 1954, marquée par la publication du premier single d'Elvis Presley. Les sixties 1968, le White album des Beatles, les premiers riffs de Led Zeppelin, le harem de Jimi Hendrix. Des seventies, on retient 1977 et sa fameuse explosion punk, provoquée par la sortie groupée des premiers albums des Sex Pistols, des Clash, des Damned et de Wire. Les choses se gâtent avec les eighties : impossible de passer outre 1980, qui vit Ian Curtis se pendre, John Lennon se faire descendre et Bon Scott se mettre une mine fatale. Pour les nineties, mettons 1991, pour Nevermind et pour les naissances de Blur, Kyuss et Massive Attack.

Quant à la première tranche des années 2000, s'il est encore un peu tôt pour se prononcer, disons que l'année 2003 a toutes ses chances. Ceci grâce à trois singles et autant de pierres angulaires du (surfait mais salutaire) revival rock qui caractérisa l'époque : Seven Nation Army des White Stripes, The End Has No End des Strokes et House of Jealous Lovers de The Rapture. Le troisième, passerelle entre garage et dancefloor sur laquelle il faisait bon s'esquinter les mollets, est celui qui a le mieux vieilli. Quant à ses auteurs, s'ils n'ont depuis jamais déployé pareille fougue et pareille non-linéarité, ils sont toujours, à l'instar de tous leurs collègues du label DFA encore en activité, l'un des machines à danser les plus implacables de l'industrie. Prochaine mise en marche mercredi 25 avril au Transbordeur.

Benjamin Mialot


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Roots bloody Roots