Les Bouffons du duc


Les textes de Shakespeare ne sont pas toujours d'une grande élégance ; la grivoiserie et les jeux de mots salaces truffent ses comédies. Libre aux metteurs en scène de gommer ou conserver cet aspect-là. Mais le plus jubilatoire est encore de jouer avec.

Olivier Py s'en était donné à cœur joie dans sa version de Roméo et Juliette l'an dernier mais avait engourdi son travail par une direction d'acteurs inéquitable. Dans La Nuit des rois (au Théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 27 octobre) Jean-Michel Rabeux, lui, n'oublie personne.

En prenant le même scénographe que Py, Pierre-André Weitz, il ne s'embarrasse pas d'un décor imposant avec un grand panneau mobile sur roulettes et laisse l'espace à ses comédiens qui en font des tonnes.

Difficile parfois de retrouver le fil du propos sous tant de bouffonnerie mais lorsque les sentiments des personnages centraux (le duc, Olivia et Cesario/Viola) affleurent, l'émotion refait surface, d'autant plus que des chansons se glissent dans le texte (ah la magnifique voix de Benédicte Cerutti/Olivia !) et qu'un orchestre rock assure les transitions musclées et récréatives.

Nadja Pobel


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