Famille je vous aime

Créé dans les années 90, "Le Cirque invisible" de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin fait partie de ces spectacles qui marquent les esprits avec bonheur. Deux heures de véritable magie visuelle, sans aucune autre prétention que celle d'émouvoir et d'enchanter le public. Aurélien Martinez


Le Cirque invisible, ce sont des images, des sensations, des formes, des couleurs... Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin, que l'on a coutume de présenter comme les pionniers du nouveau cirque (cet art qui s'éloigne du nez rouge et des lapins dans les chapeaux pour rechercher une certaine épure proche de la danse), sont deux artistes délicieusement fantasques.

Lui, acteur que l'on a aussi bien pu croiser chez Alain Resnais et Peter Brook que dans la rue en 1968 ; elle, fille du grand et imposant Charlie Chaplin, qui aujourd'hui collabore discrètement avec leurs deux enfants : Aurélia Thierrée (elles ont imaginé ensemble L'Oratorio d'Aurélia), et surtout James Thierrée, artiste pluridisciplinaire qui livra quelques-uns des plus beaux spectacles vus ces dernières années (elle lui confectionne ses costumes). Une lignée à haute valeur artistique ajoutée donc...

Mais revenons-en aux parents, qui sont maintenant seuls en piste, leurs enfants ayant depuis longtemps quitté leur Cirque bonjour (qui devint ensuite le Cirque imaginaire, pour se transformer dans les années 90 en Cirque invisible).

Ensemble, c'est tout

Ils sont donc deux sur scène, jouant d'une certaine complémentarité : lui, drôle avec finesse et inventivité, s'essayant à la magie potache dans des costumes aussi improbables les uns que les autres. Un grand gosse ravi de déballer tout son univers foutraque devant son public d'un soir : il faut le voir sourire béatement lorsqu'il entame un tour de tandem avec un squelette, ou esquisser une danse de Saint-Guy endiablée.

Elle, gracieuse et élégante, se réinventant à chaque tableau, devenant les différentes créatures qui peuplent son imagination – grands oiseaux élancés, fabuleux lézards à collerette... Mais elle séduit aussi lorsqu'elle part dans l'abstraction, l'une des scènes les plus marquantes étant sans nul doute celle où elle s'entoure de parapluies pour mieux disparaître.

Un spectacle visuellement évocateur mais très loin de l'esbroufe, qui connaît un succès ininterrompu depuis sa création. On comprend pourquoi.

Le Cirque invisible
Au TNP, du 13 au 25 novembre


<< article précédent
Péplum maximum