Après mai

D'Olivier Assayas (Fr, 2h02) avec Clément Métayer, Lola Creton, Carole Combes…


De L'Eau froide à Carlos, la révolution politique avortée des années 70 hante le cinéma d'Olivier Assayas. Aujourd'hui, il s'y attaque de front à travers un récit aux relents autobiographiques où la jeunesse de son époque prend la route et le maquis pour contester la société conservatrice et prôner le marxisme et le maoïsme.

Ce devrait être une fresque portée par un souffle romanesque fort ; ce n'est à l'arrivée qu'un film d'Assayas, où les états d'âme amoureux des personnages prennent le pas sur l'esprit d'une période, réduite à un simple folklore. Aux clichés hallucinants des scènes d'ouverture (manif, gaz lacrymo, pochettes de disques rock, lycéen faisant de la peinture abstraite dans sa chambre, créature garrellienne en longue robe blanche ânonnant un texte incompréhensible) succède un récit mal raconté, bourré de symboles transparents (la jeunesse se consume, alors tout brûle autour d'elle) et joué par des acteurs peu convaincants (exception faite de Lola Creton).

Surtout, le film prend acte d'une démission de son auteur face à son sujet : Gilles, alter ego dont Assayas ne commente jamais l'engagement, finit par reprendre le flambeau paternel d'un cinéma bourgeois et pépère. On le savait depuis longtemps, mais cet aveu nous rassure : Assayas n'a rien de moderne, c'est juste un héritier de l'académisme à la française.

Christophe Chabert


<< article précédent
Le Capital