Théâtre-crochet


Plaçant le verbe au cœur de tous ses spectacles, qu'ils soient des grosses productions (Coriolan, Ruy Blas , Mai, juin, juillet) ou de plus petites formes (Le Laboureur de Bohème, les comédies de Molière, La Jeanne), Christian Schiaretti ne perd pas de vue ce principe avec Don Quichotte.

Créée en décembre 2010, lors de la saison où il a mis en scène le triptyque du Siècle d'Or (avec le merveilleux texte de La Célestine et Don Juan), la pièce revient pour encore quelques jours au Théâtre National Populaire. Non-théâtral, le texte, considéré comme un des premiers romans de l'ère moderne, trouve plus que logiquement sa place dans cet ambitieux parcours consacré à la littérature espagnole du XVI-XVIIe.

Au plateau, douze membres de la troupe permanente du lieu se retrouvent dans un faux studio de France Mauve, double de France Culture, pour enregistrer huit épisodes (les huit premiers chapitres) sur les cent-vingt-quatre possibles. Fermez les yeux, vous écoutez la radio. Et c'est la que le bât blesse. Voir les comédiens n'apporte rien de plus que les entendre. La mise en scène est, de fait, réduite à peau de chagrin.

Néanmoins, dans son genre, le spectacle fonctionne, lesdits comédiens se révélant de haut vol, particulièrement Clément Morinière et Damien Gouy, respectivement transformés en bruitiste qui se prend pour Don Quichotte et en imitateur qui se croit Sancho Panza. Même Juliette Rizoud, dans le rôle de la narratrice-présentatrice qui introduit chaque chapitre, injecte ses humeurs. Mais malgré cette indéniable énergie, ce spectacle ne trouve pas le souffle qu'avait notamment La Jeanne de Delteil, pourtant sur le même mode du roman mis en scène, et n'est pas plus que ce qu'il est : du théâtre-récit, voire du théâtre récité.

Nadja Pobel

Don Quichotte
au TNP jusqu'au samedi 5 janvier


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