Les Amants passagers

De Pedro Almodóvar (Esp, 1h3O) avec Javier Camara, Carlos Areces…


Après un incident technique, un avion est en perdition au-dessus de Tolède, attendant une solution pour un atterrissage forcé. Le personnel de bord, stewards plus ou moins ouvertement pédés, drogue les passagers de la classe éco et tente de régler la situation avec les "privilégiés" (un tueur, un banquier corrompu, une mère maquerelle, un couple en voyage de noces, un homme volage).

On voit bien la métaphore filée par Almodóvar derrière ce récit de pure fantaisie : alors que les mœurs évoluent en Espagne (un des stewards a même un mari !), l'économie régresse vers un archaïsme de classe dirigé par des puissants en pleine déréliction. Point de vue intéressant mais qui se heurte très vite au désir du cinéaste de retrouver l'esprit Movida de ses premiers films. Ce maître du scénario invente ainsi un récit complètement décousu, qui n'avance pas vraiment et se contente d'empiler les saynètes inégales. Les Amants passagers ne trouve jamais sa vitesse de croisière, même si l'ensemble n'est pas déplaisant à suivre.

Alors que La Piel que habito réussissait à sortir le cinéma d'Almodóvar des ornières mélodramatiques dans lesquelles il s'était enfermé, le meilleur moment des Amants passagers est celui où il en retrouve le sentier, le temps d'une escapade hors de son huis clos qui prouve aussi que ce dispositif est un habitacle sans doute trop étroit pour la créativité de l'auteur.

Christophe Chabert


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