Color of night


Comme ça de but en blanc – encore que le blanc soit totalement absent de leur univers – les Neils Children ont deux particularités. La première : sous leurs airs juvéniles d'Hibernatus pop, les Anglais ont déjà quasi quinze ans de carrière derrière eux, interrompue par une série de démissions et même une courte séparation alors qu'ils commençaient à toucher du doigt quelque chose dans l'ombre de groupes comme Bloc Party ou Razorback. La seconde : l'intégralité des membres du groupe semble droit sorti du clonage simultané et raté (façon La Mouche de Cronenberg) de Brian Jones et Bill Wyman. Ce qui leur donne quelque air de dégénéré psychédélique circa 1969.

Ca tombe bien, leur musique, tombée dans l'oreille vintage des Lyonnais d'Echo Orange, devenus leurs tourneurs, a elle aussi la gueule de l'emploi. Mais passée au rimmel curiste d'un Robert Smith qui ne verrait pas la vie qu'en noir et noir. Car les couleurs criardes et mouvantes de leur kaléidoscope s'ébattent dans une pénombre, omniprésente mais changeante. C'est ce que veut signifier le titre d'un album, Dimly Litfaiblement éclairé»), qui donne l'impression d'écouter ce que donnerait une version sonore de la Dream Machine de Brion Gysin et Ian Sommerville. Laquelle, rappelons-le, se regardait les yeux (grand) fermés. C'est bien là la seule différence avec la musique de ces Anglais qui, si elle est propice à «un déchaînement transcendantal de visions colorées», s'écoute non seulement les esgourdes grandes ouvertes, mais aussi la touffe ciliaire au garde-à-vous. 

Stéphane Duchêne

Neils Children
A la Triperie, jeudi 19 septembre
Au Marronnier Centenaire, Albigny-sur-Saône, vendredi 20 septembre


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