Micro Mondes ou l'art en cinq dimensions

Des spectacles sensoriels dans de petites jauges : voici venir le festival Micro Mondes qui, pour sa deuxième édition, promet au spectateur d'être un peu plus acteur qu'à l'accoutumée. Nadja Pobel


Elle avait déjà travaillé dans de grandes structures culturelles, de belles salles avec de beaux et impeccables spectacles. Puis un jour elle a vu Bucchetino. Céline Le Roux, directrice et fondatrice du festival Micro Mondes, dont la première édition s'est tenue il y a tout juste deux ans, se souvient encore de cette expérience incroyable. Romeo Castellucci, loin de la subversion de ses créations habituelles, avait reconstitué la maison du Petit Poucet et invitait les spectateurs à se coucher dans un des cinquante lits présents. Une fois la couverture repliée sur soi, on écoutait la conteuse nous dire cette histoire en respirant de véritables effluves d'eucalyptus et en entendant grincer l'escalier sous les pas du père montant voir ses enfants dans la pièce d'à-côté. Ce spectacle autant sensationnel que sensoriel nous a laissé comme à elle des souvenirs indélébiles. «Laisser des traces», c'est précisément ce que Céline Le Roux cherche dans ce festival des arts dits "immersifs" où le rapport au public est bouleversé, notamment du fait de jauges réduites (de une à cent personnes maximum).

Toucher, jouer

La plus grande capacité d'accueil sera pour Hakanaï d'Adrien Mondot et Claire Bardainne (aux Célestins), les mathématiciens et plasticiens à l'origine de l'exposition XYZT présentée en ce moment au Planétarium (voir page 8), qui accueilleront une danseuse dans leur seule installation non interactive avant de laisser les spectateurs jouer avec des lettres mouvantes projetées sur du tulle. Micro Mondes est aussi l'occasion de retrouver le catalan Roger Bernat, qui nous avait amené à décider du sort d'une démocratie, télécommande en main, lors du festival Sens Interdits dans Pendiente de voto. Avec Le Sacre du printemps, il remet cette fois un casque audio à chaque spectateur, y distille des consignes et continue à faire en sorte que chacun soit maître de son corps et de son action. Da / Fort sera lui aussi prétexte, dans un vieux camion, à des retrouvailles avec des artistes précieux, en l'occurrence Titoune (membre du freaky, inquiétant et magistral Cirque Trattola), pour un spectacle silencieux et burlesque à base de portés acrobatiques. Les enfants auront aussi droit de cité avec Le Jardin du possible, spectacle où tout est manipulable. Enfin, Promenade mobile pourrait bien convaincre les réticents de l'utilité d'un smartphone : contre le prêt de ce drôle d'outil, Martial Chazallon et Martin Chaput invitent à parcourir la ville, chacun devant suivre des indications qui lui sont propres. Bref, avec ces cinq propositions disséminées dans Lyon et l'agglo, pas question de roupiller dans son fauteuil (quand il y en a !).

Festival Micro Mondes
Jusqu'au dimanche 1er décembre


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