Jeunes confidences

Et si on misait sur la relève en ce début d'année ? Les grands noms du théâtre auront beau être à Lyon tout au long des six mois à venir, c'est en effet du côté des jeunes que nos yeux se tourneront prioritairement. Nadja Pobel


Enfin ! Enfin le théâtre des Ateliers est sorti de son état végétatif. Et la relève est tout un symbole, puisque c'est Joris Mathieu, adepte de la vidéo, qui en a été nommé directeur à la place du fondateur Gilles Chavassieux (lequel ne créera plus dans ce lieu). Autre désignation importante, celle de Sandrine Mini au Toboggan à Décines. D'autres directeurs tireront eux leur révérence : Roland Auzet à la Renaissance, par envie de reprendre son travail de compagnie, et Patrick Penot aux Célestins, pour cause de retraite.

C'est d'ailleurs dans ce théâtre qu'il sera possible de découvrir le travail de Mathieu avec Cosmos de Witold Gombrowicz (février). D'une manière générale la jeune génération (disons les moins de quarante ans) fera l'actu de la rentrée avec Mon traître d'Emmanuel Meirieu (voir page 16) au Radiant, Dommage qu'elle soit une putain de John Ford par Marielle Hubert au Radiant encore (plus tard en janvier), qui s'annonce d'une curieuse violence mêlée de douceur, mais aussi l'exceptionnelle venue d'Howard Barker à Lyon, convaincu par la comédienne Aurélie Pitrat du collectif nÖjd de mettre lui-même en scène son texte Innocence (aux Célestins en janvier aussi).

Ne pas rater non plus les très doués membres de l'Unijambiste (Ekaterina Ivanovna au Théâtre de Villefranche, janvier) et de la Nouvelle Fabrique (L'Augmentation de Pérec aux Clochards Célestes, mai), ainsi que les petits prodiges de La Meute, dont la bouleversante adaptation de Belgrade d'Angelica Liddell, texte fort sur une guerre dont les gravas fument encore, sera jouée en février dans la salle polyvalente de Bourgoin-Jallieu (le théâtre, incendié en 2011, n'est toujours pas reconstruit). Ils reprendront aussi Karamazov à Charlie Chaplin en avril.

Les metteurs en scène de bonne foi

Du côté des incontournables figure Christian Schiaretti qui, dès le 10 janvier et pour un mois, s'attaque au Roi Lear avec le fabuleux Serge Merlin dans le rôle titre au TNP. Sa bluffante Saison au Congo l'an dernier laisse augurer du meilleur. Aux Célestins, il ne faudra pas faire l'impasse en février sur l'ambitieuse fresque en niveaux de gris du directeur de la Comédie de Saint-Etienne, Arnaud Meunier, Chapitres de la chute dans laquelle l'Italien Stefano Massini brosse l'histoire du capitalisme et de la financiarisation via celle des Lehman Brothers, de 1844 à aujourd'hui.

Plusieurs grands noms de la mise en scène passeront par ces deux théâtres : aux Célestins Luc Bondy avec Les Fausses confidences, Alain Françon avec Les Gens, Thomas Ostermeier en français dans le texte mais en moins percutant qu'à l'accoutumée avec Les Revenants, et au TNP Michel Raskine pour la création du Triomphe de l'amour, Jean-Louis Martinelli avec Britannicus et Joël Pommerat avec son joyau, Cendrillon.

C'est toutefois à l'opéra qu'il faudra aller acclamer ceux qui ne nous ont jamais déçus : Simon McBurney avec Cœur de chien (janvier) et Laurent Pelly avec Le Comte Ory (février). Enfin, parmi les potentielles bonnes surprises visuelles, on parierait bien quelques kopeks sur Kiss & Cry de Jaco von Dormael (cinéaste de Toto le héros) aux Célestins (février) et sur Un beau matin Aladin par Charles Tordjmann et Agnès Sourdillon (à Villefranche en février et à la Renaissance en mai).


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