Jeunesse des rencontres


Pas évident d'organiser en janvier un festival consacré au cinéma français quand celui-ci garde ses meilleurs films pour Cannes… Drôle d'endroit pour des rencontres réussit malgré tout cette année encore à proposer un programme certes éclectique, certes inégal — cf notre Flop 10, où figuraient deux des films présentés ici — mais cohérent. C'est dans le documentaire et le film "jeune public" que le festival réussit ses plus belles pioches, avec les avant-premières de La Cour de Babel de Julie Bertuccelli et de Minuscule de Thomas Szabo et Hélène Giraud.

Bertuccelli filme une année scolaire dans une classe d'accueil d'un collège parisien, où se retrouvent des enfants de toutes origines pour rattraper leur retard en français. Cette somme d'expériences individuelles dessine une carte des troubles politiques mondiaux — juifs persécutés en Serbie, liberté bafouée des femmes en Afrique, violence urbaine en Colombie — et leur parole témoigne de l'importance que ses jeunes mettent dans la réussite de leurs études — sans que la cinéaste ne la transforme en leçon à l'attention des élèves français branleurs, suivez mon regard…

Minuscule, adapté d'une pastille télé, est un époustouflant film d'aventures en 3D sans dialogue relatant l'odyssée d'une coccinelle, depuis une boîte à sucre jusqu'à une fourmilière assiégée, une sorte de Gravity pour enfants drôle et virtuose.

Sinon on recommandera le rattrapage du délicat 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder — présenté par un de ses acteurs, Bastien Bouillon — et la carte blanche à l'incontournable Bertrand Tavernier — il présentera aussi deux westerns ce samedi à l'Institut Lumière. En plus de son Quai d'Orsay, il a choisi ce qui est sans conteste son meilleur film : Coup de torchon, géniale transposition de Jim Thompson dans l'Afrique coloniale.

Drôle d'endroit pour des rencontres
Aux Alizés de Bron, du 22 au 26 janvier.


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