24 jours

D'Alexandre Arcady (Fr, 1h50) avec Zabou Breitman, Jacques Gamblin, Pascal Elbé…


«La vérité sur l'affaire Ilan Halimi» dit le sous-titre façon Faites entrer l'accusé de 24 jours. Arcady choisit d'entrée son point de vue, celui de la famille Halimi et surtout de la mère, qui devine ce que la police se refuse de voir : l'enlèvement n'est pas seulement crapuleux, mais aussi motivé par un antisémitisme aussi stupide que dangereux. OK.

À partir de là, et même si Arcady voudrait nous le faire oublier («la vérité» du sous-titre), 24 jours est avant tout du cinéma, et sur ce critère-là, il est simplement calamiteux. D'abord, Arcady trahit son point de vue initial et va filmer le gang des barbares, réduits à des jeunes de banlieue wesh wesh et à un Youssouf Fofana représenté comme le plus caricatural des vilains de série B — sa première apparition de face, au ralenti avec musique menaçante, est à hurler de rire. Clichés regrettables dans un film qui prétend justement dénoncer ceux qui les véhiculent…

Les flics ne sont pas mieux lotis : s'exprimant avec des dialogues à la Julie Lescaut, ils sont des ectoplasmes que le cinéaste ridiculise sans vergogne — et ses acteurs avec, le pauvre Jacques Gamblin en tête. Quant à la famille, entre crises d'hystérie fake à souhait et tirage de gueule généralisé, ils finissent eux aussi par apparaître comme des pantins dans un film qui prend en otage son spectateur, s'autorisant les raccourcis les plus douteux pour marteler une «vérité» qu'au demeurant personne ne lui conteste.

Christophe Chabert

Sortie le 30 avril


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