Indomptable Bengale


De toute la petite bande de cette nouvelle pop française squattant la hype depuis maintenant de longs mois (Aline, La Femme, Granville, Pendentif...) et dont on vous avait longuement parlé l'an dernier, les Bordelais de Bengale sont sans doute les plus faussement superficiels, tout en étant les plus véritablement sophistiqués (bien plus que ces poseurs de La Femme) et les plus authentiquement fêlés.
 

Remixeur avisé (Erotic Market, Oxmo Puccino, Saint-Michel, Sébastien Tellier...), l'ex-trio masculin devenu un sextet paritaire mené par l'ex-Pendentif Mickaël Gachet est aussi une petite machine à tubes légers comme Le Dernier Tramway, surf-pop (Ocean Sun) ou évaporés (Playground en duo avec Mélissa Dubourg, la chanteuse hautement perchée de Granville).
 

Mais là où Bengale se démarque de ses pairs c'est dans son affichage hip pop. A moitié réussi avec l'éthylique Vodka Pomme - boire et danser, mantra de cette scène pop. Beaucoup plus avec la reprise d'un hit indé vintage qui confirme cette orientation : le Loser qui propulsa ce vieux slacker de Beck dans le monde de la gagne, mais transposé en français pour un beau et drôle d'hommage.
 

Comme le chat léopard éponyme, Bengale est notoirement insaisissable. Peut-être parce qu'il n'a pas encore gravé l'essence de sa pop sur la longueur d'un album. Ou peut-être parce qu'il la cherche encore, se voyant toujours comme un labo d'exploration pop, là où nombre de ses collègues semblent avoir trouvé leur voie et la tracer à gros sillons.
 

Stéphane Duchêne
 

Bengale [+ Grimme + Tifa's]
Au Marché Gare, vendredi 13 juin


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