Retour vers le futur


Sortis de cette nouvelle usine à véhicules musicaux hybrides roulant au mélange yéyé/pop électronique 80's qui a établi succursales à Biarritz (La Femme), Perpignan (Liminanas) ou Clermont-Ferrand (Mustang), les quatre Rennais de Superets fusionnent Dutronc et Devo, Dick Dale et Jacno. Ils se revendiquent «yéyétroniques» et en quelque sorte, ici tout est dit. Car quand d'autres se contentent de regarder avec nostalgie dans le rétroviseur en une sorte de culte de la Nouvelle Vague (Granville et cie), Superets est le produit d'une rupture du continuum espace temps, comme disait le Doc Brown.

Confusion des genres, des époques et des sentiments d'une génération qui s'ébat dans le contradictoire, dont la culture encyclopédique s'est bâtie à coups de mp3 tout en vénérant le 45 tours. Et qui peut-être s'y perd un peu, ne sachant trop s'il faut déplorer ou se régaler p(r)opement, sans doute les deux, de L'Amour au temps du progrès, des promesses SMS, des cœur brisés pour 10 centimes (160 caractères pour te dire adieu), et qui transforme comme pour les exorciser «les parenthèses en guise de mimiques» en gimmicks pop pris dans des tourbillons de claviers déboussolés.

De la question du romantisme à l'heure du clic, du largage aussi rapide qu'un passage à Franprix, les Superets sont obsédés. Mais si, comme ils le chantent, «les histoires sans fin se finissent sans entrain», voilà peut-être où se niche le néo-romantisme : dans la rupture – dans tous les sens du terme – rapide, efficace, tranchante, qui suit la conquête autant qu'elle la précède.

 

Stéphane Duchêne

 

Superets
Au Sonic, vendredi 3 octobre


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