Des chiffres et des maux de tête


Nous n'utiliserions que 10% de notre cerveau. N'en déplaise à Luc Besson, c'est totalement inexact, sans quoi nous aurions le niveau de langage d'un mouton, mais admettons. Fabien Olicard lui, doit en utiliser quelque chose comme 200%. Et pour cause, le type est mentaliste. Oui, comme Patrick Jane, le parangon de charme en gilet garçon de café qui, dans la série éponyme, peut déterminer d'un seul et même regard le mobile et le parfum de glace préféré d'un assassin. Si ce n'est qu'Olicard n'exploite pas son bagout naturel et ses facultés mentales (mémoire, logique, persuasion...) quasi-surhumaines pour faire baisser la criminalité, mais pour déclencher l'hilarité.

Plus confiant dans sa réussite que le chat enfariné du conte de La Fontaine, il se sort de l'exercice avec les honneurs, rythmant des tours au demeurant tout à fait étonnants (improvisation d'un carré magique parfait en moins de vingt secondes, devinette d'informations personnelles par prise de pouls ou simple observation, récitation de pages d'annuaire à la volée...) à coups de réparties bien senties, de bides contrôlés et d'explications parcimonieuses. Des efforts de construction, de pédagogie et d'interactivité bienvenus mais malheureusement insuffisants, faute d'une vraie ambition narrative ou sensible (qu'on retrouve, par exemple, chez François Martinez) pour pleinement distinguer son spectacle des boniments satisfaits dont la série sus-mentionnée s'amuse à longueur de saisons – et des nombreux autres showmen qui œuvrent sur ce créneau très porteur.

Benjamin Mialot

Fabien Olicard
A l'Espace Gerson, jusqu'au samedi 1er novembre


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Nus comme des vers