Holy smoke


Moins cosmico-tribal que Pethrol, moins bootylicieusement chaudard qu'Erotic Market, dans la nouvelle famille des duos électro-pop qui ont le vent en poupe, Holy Two fait plus que passer la tête. Il est d'ailleurs presque étrange de les voir monter sur les tréteaux d'une scène découverte – celle, toujours bien inspirée du Kafé qui couronna l'an dernier Alexis & the Brainbow – alors que la doublette Elodie/Hadrien a non seulement déjà (auto)produit un premier album mais aussi tout récemment un EP baptisé Eclipse, ce qui nous vaut un nouveau clip, Moonbeam, là encore particulièrement abouti. Sauf qu'en fin de compte, on n'est jamais assez "découvert".

On pourrait d'ailleurs à l'inverse se dire que ce groupe pas bien vieux – c'est une constante des précités que d'avoir, toute proportions gardées, "explosé" assez vite – a peut être mis la charrue avant les bœufs quand l'évidence de l'émergence, cette grande notion floue, veut que l'on fasse les choses dans l'ordre. Sauf qu'en matière d'émergence, il n'y a guère d'évidence et que ce qui importe justement c'est la matière à proposer, qu'on n'est pas obligé de garder par devers soi en attendant l'invitation de Michel Drucker ou la sainte signature d'une major – on n'en est plus là de toute façon, et depuis longtemps. Celle d'Holy Two, de matière, est suffisamment dense pour pouvoir être livrée sans souci de nécessaire développement : il y a déjà tout ce qu'il faut là où il faut, les morceaux, la production, et l'atmosphère posée sur la couture invisible entre dream pop brumeuse et post-rock pour "impressions de beau temps", démontrant qu'il n'y a pas de fumée sans feu.

Stéphane Duchêne

Holy Two
Au Kafé mercredi 17 décembre


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