Wild

De Jean-Marc Vallée (ÉU, 1h56) avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffman, Laura Dern…


Le titre fait évidemment penser au Into the Wild de Sean Penn, tout comme le pitch, tiré d'une histoire vraie : Cheryl Strayed entreprend une randonnée solitaire de 17 000 kilomètres pour faire son deuil de sa mère et de sa jeunesse cabossée. Mais le film de Jean-Marc Vallée, dont on n'adorait déjà pas le Dallas Buyers Club, manque effectivement de «into the»… Tout y est réduit à une pure surface sans le moindre relief, que ce soit le trajet, les flashbacks sur les traumas de l'héroïne ou les aphorismes inscrits à même l'écran. Vallée met sur le même plan une relation sexuelle et une addiction à la drogue, la mort d'une mère et celle d'un cheval, passe le tout dans un grand shaker psychologisant et le recrache dans un montage lassant où rien n'arrête le regard.

Du voyage, on ne verra quasiment rien, tant le film comme le personnage ne s'intéressent pas aux autres ou à l'inconnu, mais seulement à eux-mêmes. Pire : à plusieurs reprises, les rencontres sont vécues comme des menaces pour cette fille solitaire. Mais Vallée, pas Québécois pour rien, ne franchit jamais le pas, et les gens sont en fin de compte gentils, même quand ils n'en ont pas l'air. Un suspense émotionnel hypocrite bien à l'image de Wild, dont même Reese Witherspoon, qui se montre avec un volontarisme gênant sous un jour peu glamour, ne sort pas grandie, loin de là.

Christophe Chabert


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