À corps et à cris


La jeune metteur en scène (et actrice, notamment dans Mort d'un commis voyageur de Claudia Stavisky en 2012) Valérie Marinese n'en est pas à sa première rencontre avec le théâtre britannique contemporain. Par le passé, elle s'est déjà confrontée à Edward Bond et Sarah Kane. Mieux, elle avait joliment adapté il y a deux ans Bouh ! de Dennis Kelly,  auteur méconnu de ce côté-ci de la Manche.

La voilà qui se penche sur Matt Hartley, 35 ans et déjà auteur pour la Royal Shakespeare Company. Hartley et Kelly ont en commun de décrire sans faux-semblant la jeunesse violente (et violentée) d'une Angleterre peu amène avec ses ressortissants. Ici,  un couple déchiré par la perte de son enfant adopte une ado agitée, des amis bourrés causent la mort accidentelle d'un gamin et un homme bat sa femme. Trois situations que Hartley lient d'une façon aussi impressionnante que poignante : avec un langage dur, sans fioriture, parfois vulgaire, qui saisit sur le vif son pays mal en point.

Que faire d'une telle virulence ? Valérie Marinese répond en laissant les seize élèves de deuxième année de l'école de théâtre Arts en scène déployer une série quasi ininterrompue de cris. Mais à trop forcer le jeu deux heures durant, le texte se perd, pour ne gagner en intensité que dans les rares moments de répit des protagonistes – la nécessité inhérente à l'exercice d'école de doubler chaque rôle pour offrir un temps de jeu à tous se révelant au passage assez cruelle pour certains.

Restent de très belles idées de mise en espace, comme ces photos d'intérieurs d'appartements projetées sur les murs blancs, qui offrent une profondeur inédite aux propos d'un auteur à découvrir d'urgence.

Nadja Pobel

Brûler des voitures
A l'Élysée jusqu'au samedi 11 avril


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