Riquet et autres contes

Des spectacles à venir, "Riquet" (délesté de sa houppe) est sans conteste le plus émouvant et le plus abouti. Retour sur ce travail de Laurent Brethome qui passera par le Toboggan et tour d'horizon des propositions jeune public de la saison. Nadja Pobel


C'est quoi être différent ? Comment faire avec ce qui manque ? La beauté pour cette fille laide mais intelligente,  la jugeote pour sa ravissante sœur,  que leur père fatigué de porter la couronne veut marier à un prince repoussant ? 

De toutes ces aspérités handicapantes, il émane une humanité qu'Antoine Herniotte a su magnifiquement retranscrire dans son adaptation de Riquet et que Laurent Brethome a transposé sur le plateau en éléments très concrets. Les robes de princesse sont en papier froissé, le château se dessine en direct, les baguettes magiques sont des brosses à WC... À cette apparente économie de moyens correspond une débauche de créativité et, surtout, un goût pour une forme artisanale de théâtre qui ramène à des émotions très enfantines.

Invité à ouvrir rien moins que le In d'Avignon cet été, Brethome a une nouvelle fois livré un spectacle très organique (la peinture dans Les Souffrances de Job, l'eau dans On purgé bébé et Tac) mais en maîtrisant mieux que jamais cette énergie qui le caractérise. La métamorphose finale des personnages de Riquet (au Toboggan le 3 novembre), enfin devenus eux-mêmes, est même absolument désarmante.

Cour royale

David Gauchard s'adressera lui aussi pour la première fois à un public plus jeune qu'à l'accoutumée ; de retour du Nunavik, terre des Inuits, il signe [Inuk], une fable mise en musique par son complice rappeur Arm (au TNG du 3 au 7 octobre, à Villefranche le 9 avril).

À venir également,  Blanche-Neige ou la chute du mur de Berlin, le nouveau et très attendu ciné-spectacle de la compagnie La Cordonnerie, qui sait parler aux plus jeunes avec exigence,  où l'événement historique heureux se mêlera au conte réinterprété (Villefranche le 19 mars, Croix-Rousse du 7 au 10 juin).

Deux des concurrents recalés de Joris Mathieu – dont la première saison à la tête du TNG s'annonce prometteuse –  seront également dans l'agglomération : Christian Duchange avec son adaptation de Peter Pan (à la Renaissance,  10 au 12 mars) et Olivier Letellier. Ce dernier avait dérangé mais surtout séduit en s'appropriant le superbe texte de Marie-Aude Murail Oh boy !, histoire douloureuse d'un garçon homo devenu chef de famille. Pour avoir su rendre légère cette pièce grave, faisons-lui confiance pour sa nouvelle création, Venavi (Villefranche, 7 novembre), voyage en Afrique au cours duquel il sera encore question de mort et de fratrie.

Enfin, il faudra garder un œil sur Sur la corde raide (Villefranche, 21 mai), spectacle de marionnettes de la compagnie belge Arts & Couleurs d'après le grand auteur britannique Mike Kenny,  déjà responsable de l'épatant et si dardennien Bouh (joliment transposé par Valérie Marinese à l'Élysée fin 2013).


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Une saison théâtrale sous le signe du politique