Bouche à oreille

Que boire en écoutant du rock ? Qu'écouter pour accompagner son ballon de rouge ? Voilà les questions auxquelles se proposent de répondre Wine & Noise avec son concept de concert-dégustation mariant le tanique et le sonique. Dégustons du Mensch, sans modération. Stéphane Duchêne


« Le vin s'accorde à l'oreille » et « la musique peut expliquer ce que l'on boit » : tel est le concept à double détente de Wine & Noise (dont voici la 13e édition), concert-dégustation où œnologie et programmation musicale se partagent le tastevin pour réconcilier papilles et cellules ciliaires, leurs cousines d'oreille. Ce genre de rendez-vous mélangeant des univers très différents (mais le vin et la gastronomie ne sont-il pas des arts ? Vous avez quatre heures) a une furieuse tendance à fleurir ces derniers temps.

Wine & Noise émane d'une bande d'amoureux du vin et de la musique de jeune aux goûts aussi pointus dans un domaine que dans l'autre – ils en parlent magnifiquement sur le site internet afférent. Nos a priori voudraient que ce soit inhabituel,  boire un bon verre de vin est plus souvent associé à l'écoute d'un opéra capiteux en kimono de soie à la lueur de l'âtre et l'écoute de rock à l'ingestion compulsive de roteuse bas de gamme à 8, 6° – que se rassurent les puristes de la binouze, il existe également une variante Beer & Noise de ces soirées.

Noblesse de bouche

L'idée : un groupe qui se marie avec un vin ou un vin qui se marie avec une musique. En fait la conjonction des deux. Pour cette treizième, c'est l'excellent duo Mensch qui s'y colle, déjà portraitisé dans ces pages et porté par les personnalités de glace et de feu que sont Vale Poher et Carine Di Vita,  associées pour le vin au domaine La Roche aux Moines, de Tessa Laroche. Les deux ont en commun d'avoir un problème avec les fûts : quand les premières utilisent une boîte à rythme, la seconde n'est pas amatrice de tonneaux de bois.

A écouter Mensch, on imagine un vin épais et âpre, pleurant longuement sur les parois du verre en prenant parfaitement la lumière. Un vin faussement triste et faussement récalcitrant. Mortel mais dansant en bouche comme le "dance and die" menschien. Austère mais pas figé, irrigué d'influences et de traditions mais épris de liberté, qui s'allège avec les cuvées, comme ces embardées pop que s'autorise le duo sur le récent album Tarifa.
Que cela passe par la voix détachée de Vale Poher ou une gorgée de vin de caractère, voilà qui confirmera la formule chère à Christian Laborde. A savoir que « la noblesse est dans la bouche puisque s'y trouve un palais ». Un palais où l'on peut organiser de concert un sacre du tympan.

Wine & Noise : Mensch
Au Périscope samedi 30 janvier


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