Deux trésors de retour à l'affiche


Le mal qui gangrène les théâtres avec la multiplication de pièces programmées pour seulement trois ou quatre soirs d'exploitation est contrecarré en cette rentrée par l'Élysée. Son directeur, Jacques Fayard, a décidé de faire revenir deux trésors de la saison dernière, dont Illusions, conte retors sur l'amour, sa durée et ses failles raconté par quatre vieilles personnes. Bien qu'incarnés par une jeune garde de comédiens, les mots du contemporain Ivan Viripaev gardent leur dangerosité dans cet espace, entouré des spectateurs imaginés par le metteur en scène Olivier Maurin qui a l'art de porter à la scène les balbutiements et les messes-basses.

Dans la foulée, retour de ce qui a été un choc, calé en plein milieu de la période creuse des vacances de Pâques : Cannibale. Écrite, mise en scène, jouée par des anciens de la Comédie de Saint-Étienne (pour trois d'entre eux) réunis en collectif X, cette chronique d'une histoire d'amour traversée par la mort annoncée de l'un des deux amants est bouleversante. Parce que le propos est émouvant, mais surtout parce que le tempo est juste : les espaces de jeu multiples permettent de donner une force inouïe, car tout est banal. La cuisine est normale, la chambre aussi et ce couple est comme les autres (le fait que ce soit deux hommes sans jamais que l'homosexualité ne soit un sujet est aussi d'une grande intelligence).

Cette capacité à montrer la simplicité est rare d'autant que l'équipe est ambitieuse, osant inscrire des scènes extérieures (balade en forêt via une parfaite utilisation de la vidéo). Il est urgent de (re)découvrir ce travail.

Illusions
Au théâtre de l'Élysée du 14 au 16 septembre

Cannibale
Au théâtre de l'Élysée du 27 au 30 septembre


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