C'est l'histoire d'une mue que les Subsistances ont plus qu'accompagné. Il y a eu des spectacles circassiens (sa spécialité est le jonglage, un de ses maîtres est Jérôme Thomas) et en 2008, c'est la création de P.P.P. (position parallèle au plancher), un titre trouvé avant-même le contenu. Philippe Ménard se transforme sous les yeux des spectateurs et se joue des éléments pour répondre à « la nécessité de décrire ce voyage hors du commun d'avoir été une exilée dans le corps d'un autre » selon ses avant-propos à l'époque. Aujourd'hui, le spectacle revient. Philippe est devenu Phia, seule sur le plateau défiant des blocs de glace, domptant la dangerosité de ces obus qui tombent des cintres, jouant de la transformation de l'état solide à l'état liquide.
S'il n'était question que d'une psychothérapie déguisée en art, cela serait parfaitement inconsistant mais au vu de Vortex (repassé l'an dernier par le TNG), il est certain que P.P.P. est une œuvre qui rend tangible et sidérant l'acte de métamorphose. Phia Ménard s'inscrit dans un cycle qu'elle a baptisé ICE (Injonglabilité Complémentaire des Éléments), fondé avec ce spectacle et où elle explore la vapeur, l'eau et l'air comme dans ce Vortex étourdissant décliné pour les enfants avec L'Après-midi d'un foehn.
Ce théâtre-là, aux confins de la danse, du cirque et de la performance, avec ce thème infiniment personnel, n'est pas seulement la résultante d'une expérience singulière, douloureuse et libératrice, c'est aussi un geste politique : celui de porter au monde cette difficulté à être soi et à en triompher. Qui vaut bien au-delà des questions de l'identité sexuelle.